vendredi 11 octobre 2024

Pauvre pays




Pauvre pays que le Liban, victime d'une expérience, d'une utopie : le multiculturalisme...

Dominé, convoité, hier par la Syrie, aujourd'hui par l'Iran, demain colonisé par Israël ; piétiné, outragé, jamais libre. 

Là-bas comme ici, une terre, un peuple ! 

jeudi 10 octobre 2024

Automne et casquette



L'autre jour ma belle et moi avons osé le dernier "Ozon", "Quand vient l'automne". 

Comment résumer ce film ? C'est compliqué de trouver les bons mots pour résumer un "Ozon"... Disons qu'il y est question de la vie et de la mort, de la vieillesse, du passé et de la transmission, le tout dans une atmosphère de douce mélancolie (comme l'automne). Ajoutons qu'Hélène Vincent y est épatante, presque trop classe dans son rôle d'ancienne prostitué à la retraite, et Pierre Lottin très crédible dans celui de la petite frappe qui cherche la seconde chance.

L'Officiel des Spectacles parle d'un "drame". Va pour drame alors. 

........ 

Avais-je dîné trop riche ? La tartiflette maison n'est pas recommandée avant le coucher ? Toujours est-il que ma nuit fut ponctué d'une intense activité onirique. Au réveil je ne me souvenais pas de tout, sauf d'avoir fait le tour des chapelleries de Paris, à la recherche d'une casquette à ma convenance. Sans succès. Je n'en trouvais que de ridicules, qui ajoutaient au mien. Et quand par bonheur j'en dénichais une à mon goût, elle était bien évidemment trop petite ou trop grande. Mais a-t-on besoin d'une casquette au beau milieu de la nuit ? Je vous le demande... 




vendredi 4 octobre 2024

Grand-père



Si, parcourant l'anse Grosse Roche avec mes amis d'alors, il y a maintenant plus de 40 ans, on m'avait dit qu'un jour je serai grand-père, au minimum j'aurais souri.

Et pourtant c'est ce qui vient de m'arriver pour la seconde fois, hier soir, quelque part en Corse. 

dimanche 29 septembre 2024

L'hommage à Philippine

 


 

Ce fut un rassemblement modeste, mais non pas ridicule, même si l'on aurait pu espérer plus de monde. Mais il faut croire que les parigots s'en foutent bien du sort de Philippine. 

À la tribune, de jeunes femmes se succédaient pour prendre une parole portée par une sonorisation trop timide. Mais la petite foule en comprenait le sens à demi-mot et applaudissait volontiers. De trop rares politiques étaient présents, S. Ravier (vidéo plus bas, mais le son n'est pas excellent)*, F. Philippot également. Croisé pareillement Vincent Lapierre, très courtisé par la gent féminine (selfies en rafales). Il faut dire que le jeune homme porte beau, à l'inverse du public plutôt âgé...


L'hommage ne dura guère plus d'une heure, puis une jeune femme prit la parole pour demander à l'assemblée de se disperser dans le calme. Un quart d'heure plus tard néanmoins, il restait encore du monde. Alors, elle reprit la parole pour reformuler son invitation à partir, mais avec cette fois-ci un encouragement bien étonnant : "je vous demande de quitter les lieux, allez boire des coups dans les bistros des environs, nous nous reverrons plus tard"...

Voilà.

Bien peu de choses en somme, mais je me devais d'y être.

*La question de la dame à la fin de la vidéo est inaudible et trop longue, j'ai dû couper sans attendre la réponse de S.R.

samedi 28 septembre 2024

dimanche 22 septembre 2024

mercredi 18 septembre 2024

Gibbeuse ?




Je ne sais pas si elle l'était, gibbeuse... Laiteuse oui, par moments, quand un nuage passait devant elle... Chiante assurément ! 

Jusqu'à trois plombes du mat elle a inondé de sa lumière blanche le salon où, en principe, à cette heure-là, je dors du sommeil du juste. Alors vous allez me dire que je n'avais qu'à fermer mes volets... Mais JAMAIS je ne ferme mes volets : j'ai l'impression de m'enterrer vivant, de refermer sur moi le sarcophage. Je veux voir la nuit tomber et le ciel blanchir au matin. 

Paraît qu'on l'appelle aussi la "lune des moissons", mais ici c'est plutôt les vendanges que l'on pratique, et elles sont passées depuis une paire de semaines. 

Quoi qu'il en soit, quand ce n'est pas le mistral qui me tape sur les nerfs, la lune s'en charge et me gâche les nuits. 

mardi 17 septembre 2024

J'ai éclairé la cheminée



J'ai éclairé la cheminée, comme disait mon ami Michel. C'est lui, l'enfant du pays, qui m'a appris cette belle expression : "tu as éclairé la cheminée ?"

Et derrière la question il y avait de l'étonnement, presque un reproche : pour lui c'était toujours trop tôt. C'est qu'il ne savait rien de la sensibilité des carcasses surchauffées des parigots, de leur répugnance à une hygrométrie trop prononcée. Pour lui, "éclairer" la cheminée en septembre, relevait du caprice d'enfant, devait cacher une maladie inquiétante.

J'ai éclairé la cheminée, et en suis bien content, tant cette saison ne ressemble à rien de ce qui est "normal" habituellement dans cette région que l'on nomme le sud. Et en allumant le premier feu de l'année, blotti dans ma chauffeuse, savourant son parfum et sa chaleur, j'ai pensé à Michel.

Et à tant d'autres. 

jeudi 12 septembre 2024

Le moment approche


Je sens que le moment approche. 

Trop de solitude, trop de mélancolie qui m'assaille, trop de souvenirs dans le silence : j'ai besoin des bruits de la ville pour ne plus penser. 

Un matin je me lèverai et, sur un coup de tête, je prendrai un billet pour Paris. 

Mais je sais aussi que, quand le TGV ralentira à l'approche de la gare de Lyon, je me dirai "pourquoi as-tu fait ca ?".



dimanche 8 septembre 2024

Éloge de la pantoufle



Je ne sais pas comment il faut interpréter le goût des pantoufles, le mien particulièrement, mais j'avoue avoir pour cet accessoire une sympathie affirmée et jamais démentie. J'en viens à me demander comment on peut les quitter, quelle raison obscure nous oblige à les délaisser au matin au pied du lit jusqu'au soir. Il n'est plus loin le jour où, me fichant bien du "qu'en dira-t-on", j'irai faire mes courses au Carrefour Market en pantoufles-pyjama, comme le dernier Des Esseintes.

J'avais fait un billet sur le sujet, il y a trois ou quatre ans, dans lequel je disais déjà le bonheur d'enfiler une paire de pantoufles. Et ce n'est pas là un signe de vieillesse ou de grabatairgite avancées ! Non. C'est juste une certaine idée du confort... 

Les miennes commençaient... comment dire... à sentir un peu... Alors aujourd'hui je m'en suis offert une nouvelle paire, toute fraîche, toute neuve, doublée laine, fabrication française (quelle chance  que de ne pas avoir abandonné ce savoir-faire bien de chez nous à quelque star-up chinoise...)

Quel bonheur ! 

Pantoufler, pantouflage ! Quelles plus belles expressions ! Quel plus beau programme ! Que désirer de plus délicieux ! 

Quand on a des pantoufles aux pieds, une certitude saute aux yeux : rien de grave ne peut vous arriver. Le monde peut bien s'écrouler autour de vous, vous pouvez bien avoir le ticket perdant du loto, ouvrir un Gigondas bouchonné, constater que vos raviolis du soir sont périmés depuis deux ans, tout cela glisse et se surmonte sans plus de difficulté. 

Quand on sent cette douce chaleur irradier jusqu'à ses mollets, on est armé contre toutes les déconvenues, tous les drames de la vie courante. 


L'épisode

D'aucuns le nomment "épisode cévenol", quand d'autres préfèrent parler "d'épisode méditerranéen". Tous ont raison bien sûr : "l'épisode" naît sur la mer Méditerranée surchauffée par l'été, puis, porté par les vents du sud, il s'en va baguenauder vers le continent. Mais, très vite, sa course est interrompue par les montagnes des Cévennes*. Alors, ne trouvant pas d'issue, il se lâche méchamment sur les départements limitrophes : le Gard, l'Ardèche ou l'Hérault sont ses principales victimes. On devrait parler plus justement d'épisodes méditerranéo-cévenol tant les deux sont intimement liés... 

Ici à "S", le premier de ces épisodes s'est déroulé hier soir. Moins violent qu'annoncé, moins violent que ce qu'il m'a été donné de vivre dans le passé, il n'en a pas moins été remarquable. Le ruisseau, dont j'ai l'habitude de dire qu'il chante ou murmure, est ce matin colère, gronde, charrie des pierres et arrache les berges. Ça ne durera pas : il se lasse très vite. 

Mais cet "épisode" m'aura permis de constater que notre maison avait, ici ou là, des fuites (Félicie aussi...). 

Et voilà que Fredi, qui se croyait si tranquille en sa demeure, va devoir reprendre la truelle...

*Ce qui donne par ailleurs un contraste assez étonnant entre les Cévennes du sud et celles du nord : climat, végétation, y sont radicalement différents. Sur un territoire somme toute pas si étendu, on reste surpris par les changements qui s'opèrent en quelques kilomètres. 

vendredi 6 septembre 2024

Un savoureux spectacle



À ceux qui prétendent que voter ne sert à rien, la "séquence", comme disent les journaleux, leur offre un joli démenti. Alors j'entends déjà les grincheux y aller de leur commentaire éclairé : "vous êtes bien naïf", "il faut que tout change pour que rien ne change, ne le savez-vous donc pas ?", patin couffin... Peut-être. Admettons. Mais convenez que les résultats des derniers scrutins nous offrent l'opportunité d'un savoureux spectacle. N'y a-t-il pas quelque chose de réjouissant de voir partir le freluquet qui occupait depuis huit mois la maison "Matignon" à l'évidence trop grande pour lui ? N'est-il pas jouissif de voir l'occupant de l'Élysée cornérisé, et dont l'agenda, pour les mois et les années à venir, consistera en quelques inaugurations et autres hommages nationaux (que l'on souhaite en nombre limité) ? 

J'ignore quelles seront les réalisations futures de Monsieur Barnier. Mais il nous a promis moins de bavardages et plus d'action. À mes yeux cela constitue déjà un excellent programme.

Rien que pour ça je trouve que ça vaut le coup de se déplacer un dimanche pour aller glisser un bulletin de vote dans l'urne.

Pas vous ? 

jeudi 5 septembre 2024

La bascule




J'adore ce moment de bascule.

Il y a quelques années en arrière, autant que je m'en souvienne, il intervenait plus tôt : vers le 15 août. Quelques orages bien sentis signaient la fin de l'été. Malheur alors à l'imprévoyant qui avait oublié de mettre une petite laine dans ses bagages. Encore que, "malheur" n'est pas tout à fait vrai : il y a toujours, à "S", quelques vieilles guenilles poussiéreuses, bouffées aux mites et démodées, pour les imprévoyants.

La bascule cette année vient de se produire, entre hier et aujourd'hui : il a plu, beaucoup moins que prévu mais enfin le ruisseau chante de nouveau. De nouveau il y a des nuages dans le ciel, jusqu'ici imperturbablement bleu. Les lumières sont magnifiques, les contrastes saisissants, les ombres portées des peupliers s'étirent sur la terrasse, qui n'est plus ce four inhospitalier qu'elle était il y a seulement quarante huit heures.

J'aime cet instant de bascule qui tire un trait sur ce moment imbécile qu'est l'été, annonce l'arrivée de ma saison préférée : l'automne. 

mardi 3 septembre 2024

Mauvaise compagnie




Certains soirs, à "S", je trouvais qu'il y en avait beaucoup... Trop pour tout dire. Alors, avant mon coucher, je partais en guerre contre eux, à l'aide d'une raquette de badminton. "Eux" ce sont les frelons, que l'on appelle par ici les "chabérions" (espèce autochtone). Pendant une demi-heure, je me mettais dans une situation assez ridicule et épuisante... Et le lendemain il y en avait tout autant. 

Et puis, il y a quelques jours, motivé par je ne sais quoi, je suis monté dans une pièce où je ne vais jamais. Outre qu'il y faisait une chaleur infernale, il y régnait un bourdonnement incessant. Le bruit provenait d'une petite fenêtre, totalement habitée. Là, mes chabérions avaient construit, entre la fenêtre et les volets, une sorte de logement collectif, assez réussi d'ailleurs, un peu dans le style "Cité Radieuse". À vue de nez plus de 100 insectes, peu fréquentables et bien dodus, vivaient là. Je dis "vivaient" car dès le lendemain je suis allé faire l'emplette d'une bombe ad hoc. Je ne vais pas m'éterniser sur l'intervention qui fut longue et fastidieuse (finalement victorieuse et sans dommage), mais il y a ici, tout de même, de ces compagnies que je ne recommande à personne.

Et, pas plus tard que ce matin, poussant le balai dans mon salon ? 

Voilà que je ramène dans ma pelle un petit scorpion noir. Ils vivent habituellement sous les tuiles des toitures, dans les fissures des vieux murs. Mais il se trouve des aventuriers pour visiter les maisons. Leur piqûre, même si l'on n'en meurt pas, provoque une brûlure très vive et laisse une douleur persistante.

Voilà, tandis que je suis sans nouvelles de Lylie, que ma belle est de nouveau parisienne, quelles sont mes seules compagnies... 

mercredi 28 août 2024

Cohabitation


La dernière fois que je l'ai vue, elle ou sa cousine, c'était il y a bientôt 50 ans. À vrai dire dans la même journée j'en avais vu deux, l'une du côté de chez Brigitte, de renommée internationale sur ce blog, et l'autre, à peu d'heures d'intervalle, au cours d'une balade à quelques 3 km de "S".

Depuis plus rien, à tel point que je la croyais définitivement perdue, effacée de la diversité. Je l'avais en fait entr'aperçue depuis, mais pas franchement dans son milieu naturel : au vivarium du jardin des plantes, à Paris. Là, on pouvait aussi y voir son aire de reproduction, extrêmement réduite : une trentaine de kilomètres autour de Montélimar.

"Elle" c'est donc "la couleuvre verte de Montélimar", et l'autre jour, en rentrant dans notre grange, je l'ai revue, bien vivante, avec un féroce appétit.

MAIS JE LA DÉRANGEAIS DURANT SON DÉJEUNER.

Attention ! Âmes sensibles s'abstenir ! 

dimanche 25 août 2024

Malédiction !!!



Le phylloxéra dévastait le pays. Au lieu de vin, on but, au dîner, un jus de raisin plus économique, la Parisienne, comme on le nommait. Elle se fabrique en mettant une grappe entière dans un bocal rempli d'eau. L'un après l'autre, les grains fermentent et éclatent. La quantité bue pendant le jour est remplacée par son volume d'eau durant la nuit. Ainsi avec une autre cruche puisée au puits et toujours une autre grappe qui explose et abandonne sa force, une caisse de Parisienne peut suffire à une famille jusqu'au printemps. C'est comme on peut le conjecturer une maigre boisson, mais fort agréable au goût.


Robert-Louis Stevenson, Voyages avec un âne dans les Cévennes


vendredi 23 août 2024

Ce pays...


... ce pays, ce pays...

... le pays, le pays, le pays...

Ils n'ont que ce mot à la bouche, ne sachant plus le nommer... 

mercredi 21 août 2024

L'aveu


Ce qui est rassurant dans cet article de "Courrier International" c'est l'aveu : personne ne comprend pourquoi. 

mercredi 14 août 2024

Trop spécialisés




Hier on a trouvé le père Hubert mort, gelé, dans son comptoir. Les rats avaient commencé d'entamer ce qu'il avait de plus mou à découvert : le cou, les joues et le gras des paumes. Voici longtemps qu'on s'y attendait. Ça n'a surpris personne. Sur le fronton de sa boutique, on déchiffre encore : 

CAFÉ-VINS-LIQUEURS-HOTEL TOUT CONFORT

"Tout confort." Tu parles !

 Rue de bièvre, au 1 bis, tout près du quai. Deux étages et demi, c'est-à-dire qu'il faut être nain ou amputé à hauteur des rotules pour se tenir debout dans les soupentes. L'aspect extérieur est au moins aussi honnête que celui des autres masures de la rue. Mais dès que l'on gravit un étage, on est fixé. Les plafonds se font la malle. Les parois sont concaves ou hydropiques. Aux paliers, on bute dans des trous, des fondrières. Ici, l'élément locataire se compose (où se décompose en) cinq ménages dont trois à la colle, ce qui rassemble vingt et un enfants de deux à dix ans, sans compter ceux au maillot. Les pères ont tous un air de famille : minuscules. Aucun d'entre eux n'atteint un mètre soixante, il s'en faut. Et un postulat commun : ne foutent strictement rien, depuis beaucoup d'années. Le malheur, que voulez-vous. Tous ouvriers ou manœuvres spécialisés, mais spécialisés à ce point, et si malencontreusement, que l'emploi qu'on pourrait leur offrir ne correspond jamais à leur spécialité. Il s'en faut chaque fois d'un poil. Alors : chômage, secours, prime à la naissance, assistance par ici, assurances par là, sociales, pas sociales, dissociales...

 Avec ça on ne vit pas mal et on a pas le gosier sec. Mais payer le "popiétaire", autre histoire. Faut attendre qu'il rouscaille pour lâcher un peu de lest...

Enchantements sur Paris, Jacques Yonnet, Denoël 1957

mardi 13 août 2024

Le Maître des horloges

 


D'aucuns diront que ça sent un peu trop "la peau de chagrin" remaquillée, et ils auront raison. Mais j'aime bien malgré tout : 

..... 

 À l'emplacement exact de la baraque de Cyril, un horloger venu d'Orient, converti à la religion du Christ et qui faisait montre de "grand- piété" s'était installé. Il confectionnait, vendait et réparait des mécanismes, à l'époque fort précieux et rares, destinés à fractionner le fil des heures. 

Sa clientèle ne pouvait être recrutée que parmi les nobles ou les riches négociants. Tristan l'Hermite, qui habitait un hôtel tout proche, appréciait l'habilité de l'horloger et l'avait pris sous sa protection. 

Le commerce des horloges prospérait. L'Oriental avait répudié son nom barbare et se faisait appeler Oswald Biber. (Ce qui désigne un castor, de même que l'ancien mot français "Bièvre".) L'astucieux homme vivait chichement, et cependant on le savait devenu fort riche. Entre temps, des Bohémiens que l'on avait refoulés de la Cité établirent leurs campements aux alentours de Port-aux-Bûches. Ils lisaient l'avenir dans le sable remué du bout d'un bâton, dans les mains des femmes et les yeux des enfants. 

Des prélats s'émurent et crièrent à la magie. Mais il n'y avait point dans tout le port assez de bois pour brûler tous ceux qu'à tort ou à raison on eût taxés de sorcellerie. Les bohémiens, on disait alors "Egyptiens" entretenaient avec l'horloger des relations de bon voisinage. C'est peut-être à cause de cela qu'une rumeur prit corps et s'affirma, selon laquelle le pieux Biber était en réalité détenteur de secrets interdits. Avec le temps, il fallut bien en convenir.

 Certains de ses clients, les plus vieux et les plus fortunés, semblaient ressentir de moins en moins le poids des années. Ils rajdésormais t, et des vieillards virent avec étonnement ceux qu'ils croyaient leurs contemporains redevenir des hommes dans la force de l'âge... 

Ont sut que Biber, en grand mystère, avait construit pour eux des horloges qui ne se souciaient peu d'indiquer les heures : elles tournaient à l'envers. Celui dont le nom était gravé sur les arbres des rouages voyait son sort lié à celui de l'objet. Il revenait sur ses pas, parcourait à rebours la tranche d'existence déjà accomplie, il rajeunissait.

 Une confrérie s'était formée entre les bénéficiaires du merveilleux secret. De nombreuses années s'écoulèrent... 

Et puis un jour, Oswald Biber reçu la visite de ses clients rassemblés. Il le supplièrent : "Ne pouvez-vous faire en sorte que les mécanismes maîtres de nos vies marchent désormais à l'endroit ?" 

- Hélas ! Ceci m'est impossible... Estimez-vous heureux cependant : vous seriez tous trépassés depuis bien longtemps si je ne vous avais traités de la sorte.... 

- Mais nous ne voulons plus rajeunir ! Nous appréhendons l'adolescence, l'inconsciente jeunesse, la nuit de la prime enfance, et l'aboutissement inéluctable où nous rejoindrons les limbes... Nous ne pouvons supporter l'obsession de la date implacable, la date écrite de notre mort... 

- Je ne puis plus rien, plus rien faire pour vous... 

- Mais pourquoi, vous que nous connaissons depuis tant d'années, nous apparaissez-vous toujours sous le même aspect ? Il semble que vous n'ayez pas d'âge... 

- Parce que le maître que j'eus à Venise, en des temps très lointains et qui ne m'a point, ce que je déplore, infusé toute sa science, a construit pour moi l'horloge que voici. Les aiguilles tournent alternativement vers la gauche et vers la droite... Je vieillis et rajeunis d'un jour sur deux...

Enchantements sur Paris, Jacques Yonnet, Denoël 1957


mardi 6 août 2024

Le fossé


La bourgeoisie anglaise, comme celle de l'Europe toute entière, ayant congédié son personnel, se retrouve aujourd'hui face à des émeutes inédites, mais à mon avis destinées à un bel avenir : celles de ceux que l'on a trahis, pour qui les défilés de la Couronne ne veulent plus rien dire, qui ne rêvent que de renverser le carrosse. 

Là-bas comme ici, il a semblé plus simple de remplacer la petite bonne, l'ouvrier, qui arrivaient de Guémené Penfao à Montparnasse, par d'anciens colonisés qui ne savaient écrire, pas plus qu'ils en connaissaient le sens, le mot "droits". En Angleterre ce n'est certes pas Margaret Thatcher qui le leur aura appris...

Mais le fossé semble si grand désormais, entre l'élite et le peuple, que je ne vois pas comment nous pourrons éviter d'autres révolutions, d'autres têtes qui tombent. 

Et ce n'est pas en libérant des places de prison pour y loger les réfractaires que l'on apaisera la situation. 

Quand je serai touriste



Un Petit Ivoirien :

ON LES AIME BIEN

samedi 3 août 2024

Au-dessus des normales saisonnières


- Il dit quoi le bulletin météo pour aujourd'hui ?

- attends, je vais voir... voilà :

Dans un ciel calme et généralement ensoleillé, il souffle une belle brise de nord, nord-est, avec des rafales possibles de 45Kh. Les températures minimales sont de 19 degrés au matin, et de 32 degrés au plus chaud de la journée, 2 degrés au-dessus des normales saisonnières.

- deux degrés au-dessus des normales saisonnières !!!  Mais tu veux me gâcher les vacances ou quoi !? 

lundi 29 juillet 2024

Retour sur une cérémonie



Se faire plaisir, faire plaisir aux quatre rues qui comptent dans Paris, faire un bras d'honneur au reste de la France et de l'humanité. C'était l'objectif et il a été parfaitement atteint. Avec du rose dégoulinant de partout, de la provocation à pas cher, ce fut la plus belle prise d'otages par une minorité, retransmise en mondovision, que l'on ait jamais vue. Minorité qui nous somme de nous oublier un peu, et de s'identifier à elle.

Jamais ! 

dimanche 28 juillet 2024

Contre la vie

 



Au début du printemps dernier, pesait sur "S" une menace d'amende salée, pour débroussaillage insuffisant. Alors, en avril, profitant d'une embellie climatique, je me suis rendu à "S" pour tenter de lever la menace. J'ai mobilisé tous les muscles de mon corps vieillissant, sorti les cisailles, la débroussailleuse et les binettes. C'est peu dire que sur mes jambes mal assurées j'en ai mis un sacré coup. Ç'est peut dire aussi qu'à la fin, le dos éreinté, des acouphènes plein la tête à cause du bruit de la bécane, j'étais plutôt fier de moi et du travail accompli. J'ai envoyé à ma belle quelques photos, auxquelles elle me répondit par une emoticône "pouce levé", voire un "top" lapidaire quand j'insistais, allant à la pêche aux compliments, et qu'elle se voulait plus bavarde. Et puis, satisfait du devoir accompli, je suis retourné à Paris. 

En ce début d'été je suis de nouveau à "S" . "F." m'y a emmener de Valence, là où il crèche. Sur la route j'ai fait le fier à bras : "tu vas voir, vraiment tu vas voir, jamais "S" n'a été aussi propre. On dirait un jardin anglais... " 

Nous sommes arrivés par le petit col, qui descend en pente douce jusqu'à la vieille magnanerie. Déjà j'apercevais le champ derrière la maison, ce champ qui fut tour-à-tour un champ de patates, de fraises, un champ de lavandes aussi, avant de n'être plus rien du tout, qu'un champ de cailloux. Voilà, nous y étions... et quelles ne furent pas ma surprise, ma colère et ma déception, de constater que tout avait repoussé en deux mois, que les ronces insolentes, envahissantes, qui m'avaient tant meurtri les bras et les mollets dans notre combat, couraient de nouveau de partout, que mon travail de presque vieillard avait été inutile et dérisoire ! 

"F" cachait mal son amusement :

- faut dire qu'il a beaucoup plu tu sais... 


Contre la vie on ne peut rien.


PS : Le moustique-tigre est bien arrivé. 

Contrairement à ses congénères ancestraux, il sévit de jour comme de nuit. Un peu mollasson, très repérable avec sa couleur noire et ses pattes rayées, il se laisse facilement écraser. 

Mais quand même... 

samedi 27 juillet 2024

Décor




À chaque fois que je vois Paris mis en scène comme hier soir, je ne peux m'empêcher de songer au grand basculement qui s'est opéré en quelques décennies. Qu'on y songe un peu, que voit-on : une multitude de cadres à costume-cravate, tous les matins, sur les quais du métro, du RER ou sur leur trottinette, se rendre à leurs bureaux de la Défense. Pour vivre à Paris ils se sont endettés à vie, afin d'acheter un deux pièces minable, mal éclairé et mal foutu, où vivaient autrefois nos parents, nos grands-parents, artisans, petits commerçants, prolos à bleu de travail...Tout bien pesé, à franc constant non devalué ramené au prix de l'euro actuel, nonobstant le rattrapage inévitable du cours de l'or, de la banane plantain comme celui de l'uranium, et en dépit du choix de la cravate, ils sont comme leurs prédécesseurs les baisés d'un système auquel ils participent en se pensant des "winners". 

Imbéciles, pauvres types... Quelle dégringolade ! 

Mais si la crème du capitalisme, ou supposée telle, vit dans les logements ouvriers d'hier, ne sont-ils pas les prolétaires d'aujourd'hui ? Se posent-ils la question le soir en s'endormant sur leur lit Ikéa ? Et à qui confier les chambres de bonne du sixième étage sans ascenseur avec chiottes sur le palier ?

Mais non, jamais ils ne se poseront la question : ils vivent dans le décor d'Emily, et ça, ça n'a pas de prix. 

vendredi 26 juillet 2024

Privatisation


- toi tu dégages !

- mais comment ça je dégage ? Je vends mon shit ici depuis toujours ! Et un peu de coke aussi de temps en temps... 

- tu dégages on te dit ! Barre-toi ! Va à Clermont-Ferrand ! Paraît qu'ils sont en manque là-bas...

.... 


- monsieur... 

- oui ? 

- vous allez où comme ça ?

- ben chez moi, j'habite à deux pas. Je reviens de mes courses au Prisunic...

- vous avez votre QR code ?

- mon quoi ? 

- un titre de propriété, un justificatif de domicile... 

- mais enfin ! Je suis né dans cette maison, là ! Vous voulez quoi de plus ! 

- désolé on ne passe pas !

... 

- Bernard ? Le Pont des Arts est à vous. Bons jeux ! 

Euphémisation


Je suis frappé des ravages de l'euphémisation.

Ça donne par exemple, sur les plateaux-télé, des commentateurs, des politiques, qui, ayant peur de franchir les bornes au-delà desquelles ils n'y a plus de limites, butent sur les mots, bégaient, ponctuent leurs phrases d'innombrables "heu, heu heu" et de leurs tics de langage, rendant leur argumentation inaudible...

C'est encore plus vrai chez les commentateurs de droite, qui semblent avoir au-dessus d'eux comme une épée de Damoclès, celle du politiquement correct : pour eux, trouver le mot le plus doux, le moins dérangeant, est l'objectif primordial : ils en transpirent tant l'exercice est délicat, qu'ils savent que ce qu'ils sont en train de dire ne correspond pas au fond de leur pensée.

Ainsi aujourd'hui se refusent-ils, en commentant les sabotages des lignes SNCF, à parler de terrorisme. 

Ah bon !? 

Qu'est-ce donc alors ? 

Des incivilités ? 

Au fond oui : "incivilités" est le mot qui leur convient, celui qu'ils ont adopté tant il leur a été suggéré, imposé, qui leur vient spontanément à l'esprit :

Le mot des lâches. 

Interlude




Pepe Romero

Mais ma préférée de l'album c'est celle-ci : Fantasia para un gentilhombre


lundi 22 juillet 2024

Femme, noire




Le parti Démocrate américain se réjouit du départ de Sleepy Joe et de l'arrivée probable de sa remplaçante Kamala Harris. Ils voient dans la désignation de la vice-présidente une double vertu : c'est une femme et elle est noire. Autant dire que pour les dépositaires du magistère moral, c'est bingo.

Alors je ne vais pas mettre en doute sa qualité de femme, on a bien assez de soucis comme ça de ce côté-ci de l'Atlantique. Mais noire ? Puisqu'il nous faut parler de la race, puisque l'on nous y oblige, et sans sortir mon pied à coulisse, quand je pense à une femme noire je l'imagine avec des attributs tout autres que ceux de Kamala Harris. Voyez la photo en illustration de ce billet. Vous y voyez une femme noire ? Pas moi. Tout au plus une métisse, une quarteronne peut-être, mais une africaine non.

Née d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, elle a simplement ce type metissé que l'on rencontre dans les Caraïbes, de Cuba à la Dominique, où chez beaucoup les origines africaines tendent à se dissiper.

Alors pour le coup de la femme noire il faudra repasser... 

dimanche 21 juillet 2024

Terrine forestière


- Tu te rends compte ma Lilye, Biden déclare forfait... Comment ça tu t'en fous !? Non ! Non ! Bas les pattes ! C'est pas pour toi ! Déjà qu'hier soir tu m'as boulotté ma terrine forestière ! Couché ! Couché ! Décidément tu ne comprendras jamais rien à la politique... 


jeudi 18 juillet 2024

La clarification




Tristesse




L'autre jour à "S", je rêvassais dans le silence de la nuit tombante. C'est alors que j'entendis, à intervalles réguliers, des petits cris dont je n'arrivais pas à localiser la provenance. Ça ne venait pas d'en bas, ces pièces que j'occupe quand je suis seul et qu'aucune raison ne m'oblige à monter dans les étages. Je pris l'escalier de pierres et là, sur le rebord d'une fenêtre haut perchée, je vis deux petites masses brunes. C'était deux bébés chouettes. L'une était morte et l'autre bien vivante. Cela arrive fréquemment que l'on retrouve cette espèce d'oiseaux dans notre maison : ils tombent par le conduit de cheminée et, en notre absence, se trouvent piégés dans la maison. Avec une échelle de bois, je réussis à m'approcher d'elles. Je saisis la petite boule de plume encore vivante puis sortis sur la terrasse et la déposais sur le muret. Aussitôt elle s'envola à tire-d'aile. C'était il y a 2 jours.

Ce matin, je paressais au lit, faisant ma revue de presse, parcourant quelques blogs. Puis je me décidais d'aller faire un brin de toilette sur la terrasse. À "S" tout ce qui tourne autour de l'eau, toilette, vaisselle, se joue sur la terrasse (ce qui rend la maison très inconfortable en hiver). Tout de suite je la vis cette petite boule noire qui flottait à la surface de l'eau dans la bassine à vaisselle : ma petite chouette que j'avais sauvée y était revenue pour s'y noyer.

mercredi 17 juillet 2024

L'Abbé Pierre




L'Abbé Pierre, l'homme de l'hiver 54, est mort. 

En 2007.

Figure iconique, vénérée des Français à juste titre, statue indéboulonnable (du moins on le croyait), l'Abbé, faisant fi de ses vœux de chasteté, aurait touché de la fesse.

En 2024, soudainement, des victimes présumées s'en souviennent. Un peu tard pour un test ADN mais quand il faut salir tous les moyens sont bons.

Elles ressemblent à quoi aujourd'hui ces vieux croûtons tout délabrés ? Par qui sont-elles manipulées ? Sont-elles en manque de mains au cul ?

Et le message de l'Abbé Pierre on en fait quoi ? On le jette aux orties ? 

Me Too commence sérieusement à nous faire chier ! 

Sans titre



mardi 16 juillet 2024

Du poing levé



Une certaine presse, des commentateurs très orientés, s'offusquent du poing levé de Donald Trump juste après la tentative d'assassinat dont il a été la victime. Ils y voient le signe d'une agressivité folle, d'un masculinisme exacerbé ; en un mot de la dangerosité de ce candidat. Et n'attendez pas d'eux le minimum syndical de compassion pour un homme qui a frôlé la mort : n'a-t-il pas qu'une très modeste et insignifiante égratignure au lobe ? C'est du chiqué ont-ils envie de dire, tout en se retenant car les conneries ont leurs limites... 

Pardon mais je m'inscris en faux !

Encore heureux que celui qui est peut-être destiné à diriger la première puissance mondiale soit un peu burné ! Son job ne sera pas tout à fait celui d'un bisounours !

Oui mais voilà : là-bas comme ici beaucoup ne rêvent que de dirigeants castrés, impuissants. En France, par exemple, le modèle idéal c'est un Olivier Faure ou une Marine Tondelier. 

Mais un sénile avec un pied dans la tombe comme aux EU ferait parfaitement l'affaire... 

dimanche 7 juillet 2024

La fièvre monte à El Pao...


... mais moins que prévu. 

Bêtise en politique




En ces heures électorales, où Macron licencie la macronie, je savoure la lecture du dernier numéro de la "Revue des deux mondes", juillet-août 2024, "Bêtise en politique".

On y croise les regrettés Desproges, Muray, Daumier et beaucoup d'autres.

Et oui c'est pur bonheur que de retrouver les mots d'esprit de ces écrivains, hommes d'état, humoristes décapant comme on en fait plus... 

Rien que le premier chapitre, qui décrit les ambitions d'un bourgeois de province voulant devenir député pour ne plus s'ennuyer, M. Rousselin (tiré de "Le Candidat" de Flaubert), vaut le détour :

Républicain hier, libéral aujourd'hui, socialiste demain, conservateur après-demain : qu'importe le parti, pourvu qu'il obtienne le titre. Il est prêt à tout : commander aux cordonnier 15 paires de bottes dont il n'a nul besoin ; acquérir chevaux et ânes auprès de paysans sans savoir où les mettre ; acheter par centaines pommes, poires et bergamotes quand sa famille se limite à trois personnes. Monsieur Rousselin va même jusqu'à donner sa fille au plus influent, un pingre freluquet aux allures de séminariste. Le peuple réclame l'impossible, l'homme promet monts et merveilles : l'impôt sur les boissons sera aboli (les citoyens savent toujours cibler leurs priorités) ; l'eau et la lumière seront fournies gratuitement ; les douanes et l'octroi seront supprimés.

Voilà ! 

Bonne soirée électorale ! 

mardi 2 juillet 2024

Le grand roman de l'occupation



Alors, mes p'tits amis, faut que vous sachiez : le 1er juillet n'est pas seulement le jour où vous apprenez que votre facture de gaz va prendre 12 %, que votre découvert autorisé ne l'est plus, que votre tabac vaut le prix d'une belle entrecôte ; c'est aussi le jour où votre serviteur prend un carat de plus.

Je fus gâté en cette soirée mémorable. Entre autres cadeaux tous aussi réjouissants les uns que les autres, ma belle m'a offert un livre : "Le barman du Ritz" de Philippe Collin, sous-titré "Le grand roman de l'occupation". 

Le pedigree de l'auteur vous saurez facilement le trouver, disons pour résumer qu'il a beaucoup œuvré pour le service public. Et, de fait, je me souviens de ses chroniques décalées sur France Inter. Cet état de service pourrait sembler rebutant à d'aucuns, mais je n'ai pour ma part aucun a priori et ne souffre pas de sectarisme. 

Le livre serait, dit-on, richement documenté et commence par une citation d'Ernest Hemingway :

"Lorsque je rêve de l'au-delà, du paradis, je me trouve toujours transplanté au Ritz, à Paris." 

Bon... 

Allons-y voir ! 


dimanche 30 juin 2024

Générations

 

Vous n'êtes pas les enfants de vos parents, vous êtes les enfants de votre génération 

Confucius, et si ce n'est lui, c'est donc son frère.

Je ne sais pas qui a donné leur nom aux différentes générations qui nous ont précédé, mais je note une déplorable dégradation au fil des temps :

- Génération perdue, 1883-1900, on comprend, on sait pourquoi.

- Génération grandiose (aussi appelée glorieuse), 1905-1925, on aimerait savoir pourquoi. Cette génération semble toutefois correspondre à de grandes avancées en de nombreux domaines.

- Génération silencieuse, 1925-1945, celle de mes parents : Ce sont les gens de la génération la plus âgée, qu'on appelle la génération silencieuse, qui, de villageois, sont devenus consensuels. Cette génération, d'abord repliée sur elle-même, s'est urbanisée et s'est ouverte sur le monde au fil des décennies. Cette génération passe de l'intolérance la plus profonde à la recherche permanente du consensus.

- Génération Baby-Boomers, 1946-1964, la mienne, la vôtre probablement, pauvres croutons que nous sommes... Aïe... ça se gâte... Introduction de l'Anglais... On voit qu'Omaha-Beach n'est pas bien loin...

- Ensuite...

Ensuite, ça s'aggrave nettement : plus de référence un tant soit peu littéraire, même l'anglais passe à la trappe. Après les baby-boomers, les générations suivantes sont reléguées à une lettre : "X", "Y", "Z", "Alpha". 

Qu'en conclure sinon que ces générations ne représentent pas grand-chose, rien d'essentiel ? Qu'elles ne sont pas assez rentrées dans l'histoire comme disait quelqu'un ? Qu'elles sont au fond innommables. Que leurs traces sur cette terre resteront infinitésimales ? Génération consommation ? Et pis c'est tout ?

C'est désolant, et on en vient à envier le sort du poilu de Verdun : à lui au moins, on a dressé un monument...

jeudi 27 juin 2024

Suicide




Voilà une information bien étonnante et bien de notre temps que je découvre aujourd'hui DANS LE FIGARO. Un robot se serait suicidé en Corée du Sud. Et l'auteur de l'article, comme les habitants de la municipalité, de s'interroger sur les raisons de son geste : surcharge de travail ? Dépression ?

Reste que cette nouvelle m'a laissé un brin songeur... 

samedi 22 juin 2024

Pièces d'occasion


J'apprends qu'aujourd'hui c'est la journée nationale du don d'organes. Alors, même si je n'arbore pas un petit ruban vert en bandoulière, sachez que je suis pour. Si je venais à calancher dans les jours prochains, servez-vous sans retenue. Mais enfin faut savoir : ça sera de l'occasion, de la seconde voire de la troisième main, seule l'usure est garantie.

Je ne suis pas spécialiste mais, de ce je sais de moi, voici le bilan que je peux en faire :

En dépit d'un tabagisme précoce et continu, les poumons sont nickels. Je ne sais pas si ça peut se greffer les poumons...

Les reins donnent quelques signes de faiblesse, sans altération de leur fonction. Ça peut dépanner le cas échéant.

Le foie, ma foi, a beaucoup servi, mais là encore ça peut dépanner. Suggestion : à greffer sur un sujet plus sobre que moi, pour qu'il se refasse une santé.

Reste les bollocks qui sont en parfait état de marche. Je serais ravi d'en faire profiter un dégenré quelconque. Malheureusement, la greffe semble encore du domaine de l'utopie, et de toute façon très peu demandée, l'inverse étant plus fréquent... 

Quant à ma carcasse, cramée ou enterrée, qu'elle aille engraisser un arbre à fleurs, à fruits. 

Ou quelques herbes folles. 

jeudi 20 juin 2024

El Negro Zumbon - Silvana Mangano

 Allez va...

Pour égayer (en noir et blanc) un peu ce blog, je remets ici cette vidéo déjà postée, torride et sensuelle au possible :


dimanche 16 juin 2024

Lucie


Puisqu'il semble d'usage sur les blogs de présenter son animal de compagnie, voici Lucie, notre bonne vieille chatte d'adoption. Son poil est comme un léger coton, dont elle se sépare tous les jours, un peu partout, par touches voletantes, sur nos lits et canapés, nos vêtements. En dehors de ce problème, somme toute assez mineur, sa présence nous est devenue indispensable. 



Coup de gueule



Y'en a marre de ces foutues gouttes froides et autres décrochages polaires ! Rendez-nous notre réchauffement climatique ! On est le 16 juin bordel de m...!!!

Ma belle voulait se faire un vide-grenier avec sa pote, mais on ne met pas des souris dehors par un temps pareil... 

samedi 15 juin 2024

People are strange

 J'avoue n'avoir en ce moment pas grand-chose à raconter sur ce blog...

Alors, toujours au parc Montsouris, il y a cinq ans déjà, moment de détente :


vendredi 14 juin 2024

Julia et la vieille dame

 

Je remets ici cette vidéo. Elle a, au jour près, tout juste quatre ans.

Quand il m'arrive de me promener au parc Montsouris, je ne vois plus ni l'une ni l'autre...

 (À un moment on entend quelqu'un interpeller la vieille dame, il ne s'agit pas de moi.)


lundi 10 juin 2024

Prospective


Emmanuel Macron vient de dissoudre l'assemblée. 

Bien... 

La prochaine étape est sa démission au soir du 7 juillet. 

samedi 8 juin 2024

L'attente



Se rendre à l'institut Vernes pour y passer un scanner, n'est pas mon genre de rendez-vous préféré... Surtout quand je pense à tout ce que je me suis envoyé dans les bronches... 

Mais le pire c'est l'attente des résultats. On repart bien avec un dossier plein de jolies photos en noir et blanc mais qu'en penser ? Pour ma part je préfère ne pas les regarder : c'est quoi ces tâches blanches ? S'en trouvait-il autant il y a trois ans ? Alors il faut attendre, les guiboles un peu cotonneuses... On se remonte le moral comme on peut : "s'il nous faut crever, crevons" !

Et puis, vers la fin de l'après midi, on se rend sur le site de l'institut : le compte-rendu est là, et sa sentence. C'est pas peu dire que l'on est soulagé d'apprendre que l'on a des poumons de bébé ! 

On en aurait presque envie, pour fêter ça, de s'offrir un Montecristo gros comac !



mercredi 5 juin 2024

Du Conseil Constitutionnel

 


FIGAROVOX/TRIBUNE - Les choix contestables du Conseil constitutionnel, comme l’aide juridictionnelle pour les immigrés, nous conduisent à une situation où le Parlement comme le peuple sont privés par un organe non élu de leur capacité de législateur, analyse Philippe Fabry, historien des institutions et des idées politiques.



Philippe Fabry est historien des institutions et des idées politiques, et avocat. Il a publié entre autres Islamogauchisme, populisme et nouveau clivage gauche-droite (2021) Le Président absolu, la Ve République contre la démocratie (2022) et La Chute de l'empire européen (2022). Il analyse et commente l'actualité politique nationale et internationale sur sa chaîne Youtube : @PhilippeFabry.


Mai 2024 aura été un mois particulièrement déplorable pour l'image du Conseil constitutionnel en France : Laurent Fabius, expliquant la décision du mois précédent rejetant le projet de referendum d'initiative partagée des Républicains, a déclaré que «la préférence nationale […] est contraire à la Constitution» et qu'on ne pouvait « priver les personnes défavorisées (étrangères, NDLA) d'une politique de solidarité nationale ». Deux semaines plus tard, le Conseil constitutionnel déclarait inconstitutionnelle la loi refusant le bénéfice de l'aide juridictionnelle aux étrangers en situation irrégulière. Enfin, on apprenait par Mediapart que Laurent Fabius tentait d'intimider l'Ordre des avocats de Paris qui avait organisé un colloque critique de l'institution. Ces comportements à visage découvert : d'une part vision idéologique mettant en opposition droits constitutionnels et appartenance nationale, d'autre part autoritarisme et refus de la critique, expliquent cruellement les choix jurisprudentiels profondément graves du Conseil durant les six derniers mois, qui ont pour effet d'amener la Ve République au bout de sa funeste logique institutionnelle, et finalement dans une totale impasse politique.



Le 11 avril dernier, le Conseil constitutionnel a rejeté la proposition de loi des Républicains visant à soumettre à l'approbation du peuple français, par la voie du référendum d'initiative partagée, les dispositions législatives de contrôle de l'immigration censurées par le même Conseil qui, sans trancher sur le fond, les avait qualifiées de «cavaliers législatifs» dans le cadre de la «loi immigration».


Il faut comprendre que cette décision du Conseil constitutionnel, critiquée de manière souvent superficielle comme étant en opposition avec une majorité de l'opinion publique, est d'une portée bien plus redoutable en ce que, combinée à la précédente décision du mois de janvier, elle nous a fait entrer dans le stade terminal de l'histoire de la Ve république. Car le Conseil a pris résolument le parti de l'exécutif contre le législatif, amenant jusqu'à ses ultimes conséquences logiques la structure fondamentalement autoritaire de notre Constitution.


En pratique le Conseil constitutionnel a offert à la présidence de la République une méthode pour légiférer sans le Parlement, et même contre sa volonté.

Philippe Fabry

Il y a d'abord eu la décision du 25 janvier 2024, qui a virtuellement transféré le pouvoir législatif à la Présidence de la République. En effet, la loi immigration a été, sur saisie du président de la République, censurée partiellement par le Conseil constitutionnel de telle sorte qu'elle a été pratiquement ramenée, dans sa version finalement promulguée, au projet initial du gouvernement. Et cela alors que ce projet gouvernemental avait fait l'objet d'un rejet explicite des députés par la motion du 11 décembre 2023 et que la loi votée, le 19 décembre 2023, à une large majorité (349 voix pour, 186 contre, 38 abstentions) avait été négociée en commission mixte paritaire du Parlement. C'est-à-dire qu'en pratique le Conseil constitutionnel a offert à la présidence de la République une méthode pour légiférer sans le Parlement, et même contre sa volonté : il suffit désormais pour cela de faire présenter le projet qu'il veut par le gouvernement qu'il a nommé (même issu d'un parti minoritaire), accepter tous les amendements nécessaires pour faire voter le texte par les deux chambres, quitte à le transformer totalement, et, une fois voté, le faire sanctionner par le Conseil constitutionnel afin de ramener le texte à l'état initial et le promulguer dans une version qui sera juridiquement considérée comme votée par le Parlement alors qu'il ne l'aurait jamais votée telle quelle.


Le Conseil constitutionnel, prétendant défendre la Constitution contre des violations anecdotiques – des amendements dont le lien avec le texte initial était considéré comme trop indirect – a rendu une décision qui, en pratique, a abrogé la séparation des pouvoirs et confisqué le pouvoir législatif au profit de la présidence de la République. L'absolutisme présidentiel est désormais total, et si cet effet virtuel se heurte encore à une difficulté pratique, à savoir que les oppositions pourraient décider désormais d'exclure a priori toute négociation sur un texte par crainte de l'entourloupe, cela condamnerait le Parlement à être simple spectateur de l'action présidentielle, laquelle peut toujours se déployer par la seule voie réglementaire – puisqu'il semble que nous ayons accepté que l'exécutif exerce habituellement ce pouvoir sans plus demander la confiance du Parlement…


Modifier le champ d'application de l'article 11 ne servirait à rien, puisque ce n'est pas sur ce fondement que la mesure est jugée inconstitutionnelle.

Philippe Fabry

C'est pour tenter de riposter à cette forfaiture que Les Républicains, très légalistes, ont décidé de changer de stratégie et d'essayer de se tourner vers l'autre détenteur théorique du pouvoir législatif : le peuple. C'est par la voie du Référendum d'initiative partagée, outil créé en 2008, qu'ils ont choisi de procéder. Cette procédure impliquant un contrôle a priori du Conseil constitutionnel, les Républicains ont parallèlement préparé un projet de réforme constitutionnelle de l'article 11 ; en effet, il était vraisemblable que le Conseil censurerait un référendum sur l'immigration comme ne faisant pas partie du champ d'application du référendum législatif qui peut concerner uniquement les «réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation». Les Républicains définissaient dans leur projet de RIP l'immigration comme une question «sociale», et c'est sur ce point que l'on imaginait venir la censure du Conseil, après quoi les Républicains auraient tenté de faire avancer leur projet de réforme du champ d'application du référendum.



Mais le Conseil a censuré le projet sur un tout autre fondement, donnant à sa décision une tout autre portée : il a considéré que le projet de référendum était contraire au Préambule de la constitution de 1946, lequel fait partie du fameux «Bloc de constitutionnalité» au titre duquel le Conseil, depuis 1971, juge régulièrement de la conformité des lois aux «objectifs de valeur constitutionnelle» (1982). C'est-à-dire que le message envoyé aux Républicains, ou à tous ceux qui voudraient prendre des mesures légales significatives pour limiter l'immigration, notamment en limitant les droits sociaux des étrangers, est que ce sera une mesure inconstitutionnelle, et surtout qu'aucune modification constitutionnelle ne pourrait changer cela. En effet, modifier le champ d'application de l'article 11 ne servirait à rien, puisque ce n'est pas sur ce fondement que la mesure est jugée inconstitutionnelle.


Nous voici donc rendus à une situation où le Parlement comme le peuple sont privés par le Conseil constitutionnel, organe non élu, de leur capacité de législateur, et cela au nom de la Constitution.

Philippe Fabry

Or, modifier l'article 11 était une modification constitutionnelle relativement aisée : il suffisait d'ajouter «d'immigration» ou «migratoire» dans le texte existant. Certes, la procédure de modification constitutionnelle présente ses difficultés, mais la simplicité de la réforme ne les rendait pas insurmontables, en particulier vu les rapports de force au Parlement lors du vote de la loi immigration. Mais la modification qu'exigerait le contournement de la jurisprudence du Conseil constitutionnel est d'un tout autre ordre : il faudrait soit mettre fin à l'idée de bloc de constitutionnalité en abrogeant tout le Préambule de la constitution, pour empêcher le Conseil constitutionnel de fonder ses décisions dessus, soit supprimer le contrôle du Conseil constitutionnel lui-même – ce qui reviendrait à supprimer l'institution. Autant dire qu'il s'agirait là non pas de modifier la Constitution, mais de changer de Constitution, car ce sont des piliers fondamentaux du régime qu'il faudrait faire tomber. La décision du Conseil constitutionnel du 11 avril 2024 a donc totalement ligoté le législateur en matière d'immigration, que ce législateur soit le Parlement ou le Peuple lui-même, et proclamé que tant que la Constitution de 1958 perdurera, aucune réforme de la politique migratoire n'est possible dans le sens d'une limitation et d'un contrôle accru.


Quelle solution reste-t-il pour sortir de cette impasse ? Une motion de censure? Rien n'obligerait le président de la République à dissoudre, d'autant moins que le Conseil, on l'a vu, lui a donné les moyens de gouverner, voire de légiférer, sans majorité au Parlement.


Espérer un changement de majorité au sein du Conseil ? Compte tenu des règles de renouvellement : un tiers des neufs membres tous les trois ans, chacune des trois nominations triennales revenant respectivement au Président de la République, au président du Sénat et au président de l'Assemblée, et sachant que le prochain renouvellement aura lieu en 2025, toujours sous la présidence d'Emmanuel Macron, il faudrait attendre encore au moins deux tours de renouvellement, au plus serré, pour espérer un tel changement de majorité… soit pas avant 2031 !


Nous voici donc rendus à une situation où le Parlement comme le peuple sont privés par le Conseil constitutionnel, organe non élu, de leur capacité de législateur, et cela au nom de la Constitution. Inversement, le pouvoir législatif a été en pratique transféré au président de la République, y compris alors qu'il est minoritaire au Parlement. Comment appelle-t-on ce genre de régime ? Et comment prend-t-il généralement fin ?


SOURCE Le Figaro de ce jour. 


lundi 27 mai 2024

La nuit du 12



C'est un excellent film que diffusait France 2 hier soir, "la nuit du 12" (Dominik Moll). 

Comment le résumer sans tout en révéler ? 

La misère des moyens policiers pour mener leurs enquêtes, leur dévouement de chaque instant, leur persévérance et leurs doutes. 

Mais surtout cette chance qu'a parfois le mal, à qui il arrive de triompher dans l'impunité... 


samedi 25 mai 2024

L'ignominie de Jupiter



Oui, je sais, je suis un salaud, une pute... Non, pas une pute : ce serait faire injure aux putes. Une ordure si vous voulez...

Déjà ma réforme des retraites, alors que passé 50 ans tu es bon pour la casse, c'était quelque chose... Mais il m'en faut plus. Un salaud n'est jamais rassasié. Alors oui, mes petits amis, vos droits au chômage comment je vais vous les ratiboiser ! Et ce que vous ayez 25 ou 55 ans ! C'est tellement jouissif de prendre le blé à ceux qui n'en ont pas ! C'est tellement jouissif que d'appuyer sur la tête de quelqu'un qui se noie ! Et puis les esclaves de 7 à 77 ans, il faut bien que je les trouve quelque part ! Ceux que j'importe du monde entier sont inemployables à 90% ! Sauf à vendre de la came, tuer et violer de droite à gauche ! Ah mais attention ! J'ai des valeurs moi ! Je suis un humaniste, n'allez pas croire ! Tous les fouteurs de merde sont les bienvenus chez nous ! Je les aime ! Ils sont mon projet ! J'en veux encore et encore ! Et même encore ! 

Ordure disais-je ? 

Non. 

Le mot est bien trop faible. 

Il n'y a pas de mot en fait pour qualifier l'ignominie de Jupiter.

Et surtout pas celui de "Président" des Français.

SOURCE

L'UNANIMITÉ DES SYNDICATS CONTRE CETTE FOLIE

samedi 18 mai 2024

... que ça à foutre...



Notre leader maximo bien-aimé, ce phare qui éclaire le monde, l'irradie de son immense sagesse, et qui n'a que ça à foutre en son palais, tant pour le reste tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans le "pays"a annoncé le lancement d'une mission parlementaire sur la ménopause pour lutter contre "un vrai tabou de la société".

Bon... 

On est ravi pour "elles" qui avant "Lui" ont dû attendre des millénaires pour gérer cette étape douloureuse de leur vie... 

Mais quid des hommes ? 

Dans un souci de parité j'attends, avec une impatience fébrile, l'annonce d'une mission parlementaire sur la prostate, cette coquinerie d'organe souvent défaillante passé 50 ans, qui de plus a l'outrecuidance de marquer le genre qui n'existe pas. 

Président a bien raison : ce sont là des sujets bien plus importants que le naufrage chaque jour constaté de la Fr..., pardon, du pays. 




mercredi 8 mai 2024

À Joinville-le-Pont

 


 

Aujourd'hui fiston, ma belle et moi, nous étions donnés rendez-vous à Joinville-le-Pont, au restaurant "La tagine d'or". Joinville-le-Pont j'ai bien connu dans ma jeunesse, du temps où je fréquentais les studios. Mais depuis il est rare que je traîne dans les parages. Une fois, un dimanche au bord de l'eau, nous avons passé un après midi chez Gégenne, ma belle et moi. Mais ça remonte à quand déjà ?

La Tagine d'or comment vous la décrire ? C'est une sorte de ponton qui s'avance sur la Marne, lui donne des allures de péniche mais qui serait éternellement à quai. Initialement nous devions déjeuner en terrasse, mais la météo, une nouvelle fois, nous a trahi (météo-France est devenue une boussole qui indique le sud : quand elle annonce la pluie soyez sûrs qu'il fera beau, et inversement). L’intérieur de la Tagine d'or est assez terne. J'ai remarqué ça : les gens d'outre Méditerranée la déco c'est pas leur truc. Les tableautins aux murs, les bibelos rigolos, les lumières avantageuses, c'est très occidental et singulièrement très français. Quant au couscous, pas donné, par charité chrétienne je n'en dirai rien.

Fiston, qui avait à faire, nous a quitté la panse pleine après le thé trop sucré. Ma belle et moi sommes partis en direction de Nogent. L'idée était de regagner Vincennes et son château en traversant le bois. Arrivés à Nogent, moi qui pour chaque événement a un refrain en tête prêt à l'emploi, forcément j'ai entonné de mémoire "ah le petit vin blanc qu'on boit sous les tonnelles quand les filles sont belles du côté de Nogent", forcément... Ma belle m'a dit "arrête, déjà qu'on a un temps de m...". De l'autre côté de la Marne (qui n'est qu'une rivière, je te le rappelle), on distinguait la terrasse vide et silencieuse de "Chez Gégenne".  

 

À la hauteur du pavillon Baltard, orphelin de ses frères, arraché au ventre de Paris puis abandonné là seulabre, nous avons bifurqué sur la gauche, avons rejoint l'orée du bois et commencé la longue traversée. J'ai pu constater le parti pris de la municipalité, tout à fait défendable du reste, de laisser faire la nature : les arbres morts, ceux abattus par un coup de vent, pourrissent dans un enchevêtrement anarchique, offrant un refuge à toute une diversité, avant que d'aller, au stade ultime, enrichir les sols.  


 

Au château de Vincennes, que nous parcourûmes en long en large et en travers, ma belle eut deux déceptions : la première fut d'apprendre que Saint Louis n'avait jamais en ces lieux rendu la justice sous un chêne, qu'il s'agissait d'une légende urbaine ; la seconde que Mata Hari ne fut pas exécutée dans l'enceinte du château mais à deux kilomètres de là, dans les bois, sur un pas de tirs en forme de butte où les soldats s'entrainaient... au tir, devenu depuis le Polygone, un circuit pour vélos. La seule personne à avoir été exécutée dans les douves du château fut le duc d’Enghien. En mémoire de Saint-Louis, il y a une dizaine d'années, on a bien planté un chêne dans la cour, mais il ne s'y est pas plu et il a mourru. Depuis deux ans un autre a pris la relève qui semble s'acclimater. Remarquez que ça fait une belle jambe à Saint-louis... En revanche nous eûmes une pensée émue pour le divin marquis qui passa, dans une geôle étroite et sombre du bas du donjon, sept années de sa vie pour d'obscures raisons de moeurs, avant de rejoindre la Bastille.


 

Ma belle et moi nous sommes séparés au RER de Vincennes, elle voulant revoir la rue des Laitières et les petites maisons environnantes où elle passa une partie de son enfance. Comme elle envisageait ensuite de traverser tout Paris à pinces pour rejoindre notre chez-nous, je lui ai dit que ce serait sans moi. 

A part ça météo-France prévoit du soleil pour demain : n'oubliez pas votre parapluie.