samedi 27 avril 2024

Dans le TGV...




... on nous sert de l'eau "neuve". Manquerait plus que ça qu'elle soit pourrie... 

Ceci dit je suis pas sûr que c'est cela qui me fera préférer le train, comme dit un vieux slogan publicitaire. D'autant que le mien, suite à différents "incidents techniques", a quatre plombes de retard. Même pas sûr que je puisse choper le dernier métro en arrivant à Paname... Quand même, au prix de la balade ça fout un peu les boules... 

vendredi 26 avril 2024

Mon amoureuse


Pour des raisons qui la regardent, elle se faisait discrète, étrangement absente. Mais depuis quelques jours la revoilà, pimpante, avec la même énergie que je lui connais année après année. Ce soir elle a particulièrement apprécié mon curry de cochon, m'a donné l'impression de faire une grande découverte. Le piment dont j'abuse dans ce genre de recette l'a mise en grande joie, au point de renoncer à son droit à l'image. C'est ma Lilye, mon amoureuse. Je serais bien incapable de dire son espèce, sa race ; elle aime mes fonds de plats, mes jeux et mes caresses. Tout à l'heure je lui ai dit qu'il était temps de remonter sur sa colline, que là-haut il y avait quelqu'un à qui elle avait des comptes à rendre, que nous nous reverrions demain. Mais elle s'est allongée sur le sol trempé de ma terrasse, m'a lancé un regard implorant. Dans ces moments-là c'est difficile de faire preuve de fermeté : l'envie est grande de passer la nuit avec elle. 

C'est ma Lilye, qui danse comme un cabri à chacune de nos retrouvailles :



lundi 22 avril 2024

Février en avril

 


Moi, vous me connaissez, je n'ai pas peur des mots, j'aime bien qu'on me les dise. Je suis par nature un homme ouvert à tout, disposé à tout entendre pourvu qu'on m'explique. Ainsi du réchauffement climatique qui serait responsable des températures polaires que je subis à "S", de ce mois de février en avril qui serait la preuve irréfutable que nous allons tous cramer demain, je dis d'accord. Dans ma grande tolérance, je veux bien accepter tous les sophismes, toutes les démonstrations savantes ; je suis même prêt à considérer notre bonne vieille terre à l'aune de graphiques abscons. 

En revanche, si d'aventure on en venait à trop insister, il ne faudra pas s'étonner d'une généreuse distribution de pâtés de phalanges, et que certains en viennent à moucher rouge...

dimanche 21 avril 2024

"S", encore et toujours



À "S" depuis bientôt deux semaines, où le printemps se fait attendre. Encore que ce ne serait pas si désagréable, s'il n'y avait ce fucking mistral. Je sais bien que ce fichu vent fait partie de l'identité de la région, mais parfois j'aimerais qu'elle la mette un peu en veilleuse, son identité...

La rivière coule en abondance, et j'ai dans l'idée que nous ne devrions pas manquer d'eau cet été. Mais j'ai aussi dans l'idée d'avoir pensé et écrit exactement la même chose il y a de cela un an. Avec une suite très décevante...

L'autre jour ma belle et fiston étaient encore là. Avec fiston nous venions de terminer une partie d'échecs et nous étions rapprochés du feu. Fiston roulait une cigarette. À côté de nous restait l'échiquier, où mon roi défait, lamentablement coincé, témoignait de ma déconfiture, expédiée en quelques minutes. Fiston, tout en léchant  la gomme de son Riz-La-Croix, me dit :

- tu sais le cerveau c'est un muscle, si tu t'entraines, un jour peut-être, tu me battras.

Il adore me chambrer... 

Puis il ajoute:

- d'ailleurs les échecs sont un sport... 

- ah oui ? 

- oui. Et comme pour tous les sports il y a des compétitions "masculines" et "féminines", car nos cerveaux sont faits différemment. La première femme classée, une Chinoise je crois, se trouve très loin derrière les hommes.

Moi qui, sans être un phallocrate, n'est pas non plus un adepte forcené de l'égalité homme-femme, m'en suis trouvé choqué.

- comment !?!? Mais les échecs c'est avant tout une activité cérébrale non ? On devrait pouvoir organiser des compétitions mixtes !

- on devrait... D'ailleurs ça existe... Pour la rigolade...

- autant je suis absolument contre qu'un homme transgenre participe à des compétitions féminines, autant je n'ai aucun problème avec des tournois d'échecs mixtes. Si je devais y participer, la seule chose qui pourrait me troubler serait un décolleté trop plongeant... là je risquerais d'être mat plus rapidement encore que ce soir...

Ma belle, qui écoutait notre conversation, me dit :

- tiens ben pour la rigolade, tu en fais une contre moi ? Tu noteras que je n'ai pas de décolleté...

Vous savez quoi ? 

J'ai perdu... 



dimanche 14 avril 2024

"Climats", ou la France d'avant la catastrophe



Avec "F", qui est la bonté faite homme, nous avons fait les derniers kilomètres qui nous séparaient de "S".

En dépit des aléas climatiques, "S" se porte comme un charme. Je crois qu'elle en a vu d'autres. 

Nous sommes entrés dans la maison. "S" sentait les feux de cheminée éteints, les vieux plats refroidis ; son humidité accumulée durant tout l'hiver nous tomba sur les épaules. Tandis que j'ouvrais les volets, "F", qui arpentait les pièces, s'est arrêté devant ma bibliothèque.

- c'est curieux ça... 

- quoi ? 

- on dirait la bibliothèque de "P". En tout cas ça lui ressemble beaucoup. 

- et pour cause : c'est la sienne. Je ne sais plus pourquoi mais il l'a amenée ici, un an avant de mourir. 

"F" regardait les dos. 

- tiens si tu t'ennuies tu peux lire ça, c'est joli. Je te le retourne pour que tu le retrouve facilement. 

Le livre qu'il m'avait retourné, que je lis en ce moment, a pour titre "Climats", D'ANDRÉ MAUROIS

Au travers d'intrigues amoureuses, le roman court de la belle époque aux années folles. Avec sa parenthèse assassine. Avec "Climats", André Maurois s'adjuge, paraît-il, un lectorat féminin. Il faut dire que même remarquablement écrit, ça reste un peu cul-cul la praline, dans le genre d'un Marcel Proust, évoqué quelque part comme étant un "chroniqueur mondain". 

Malgré tout voici un livre qui donne à voir ce qu'a pu être notre civilisation, sans crime "d'honneur", sans couteau, où l'altérité n'était pas un obstacle, un sacrilège, un péché à cacher, mais, pour les audacieux comme les timides, une frontière fragile et délicieuse, à franchir avec un bouquet de fleurs et quelques bons mots, une frontière à ne surtout pas défendre au risque de tout perdre : on abdique à genoux devant une femme. La masculanité toxique est remise à plus tard. Ou à jamais. 

Une époque où la femme, quoi qu'on en dise aujourd'hui, avait la place de choix : la première.

L'amour, pas la guerre. 







PS : Je ne suis pas sûr que la fin de ce billet soit très claire. Pas grave... On fera mieux la prochaine fois.