lundi 29 juillet 2024

Retour sur une cérémonie



Se faire plaisir, faire plaisir aux quatre rues qui comptent dans Paris, faire un bras d'honneur au reste de la France et de l'humanité. C'était l'objectif et il a été parfaitement atteint. Avec du rose dégoulinant de partout, de la provocation à pas cher, ce fut la plus belle prise d'otages par une minorité, retransmise en mondovision, que l'on ait jamais vue. Minorité qui nous somme de nous oublier un peu, et de s'identifier à elle.

Jamais ! 

dimanche 28 juillet 2024

Contre la vie

 



Au début du printemps dernier, pesait sur "S" une menace d'amende salée, pour débroussaillage insuffisant. Alors, en avril, profitant d'une embellie climatique, je me suis rendu à "S" pour tenter de lever la menace. J'ai mobilisé tous les muscles de mon corps vieillissant, sorti les cisailles, la débroussailleuse et les binettes. C'est peu dire que sur mes jambes mal assurées j'en ai mis un sacré coup. Ç'est peut dire aussi qu'à la fin, le dos éreinté, des acouphènes plein la tête à cause du bruit de la bécane, j'étais plutôt fier de moi et du travail accompli. J'ai envoyé à ma belle quelques photos, auxquelles elle me répondit par une emoticône "pouce levé", voire un "top" lapidaire quand j'insistais, allant à la pêche aux compliments, et qu'elle se voulait plus bavarde. Et puis, satisfait du devoir accompli, je suis retourné à Paris. 

En ce début d'été je suis de nouveau à "S" . "F." m'y a emmener de Valence, là où il crèche. Sur la route j'ai fait le fier à bras : "tu vas voir, vraiment tu vas voir, jamais "S" n'a été aussi propre. On dirait un jardin anglais... " 

Nous sommes arrivés par le petit col, qui descend en pente douce jusqu'à la vieille magnanerie. Déjà j'apercevais le champ derrière la maison, ce champ qui fut tour-à-tour un champ de patates, de fraises, un champ de lavandes aussi, avant de n'être plus rien du tout, qu'un champ de cailloux. Voilà, nous y étions... et quelles ne furent pas ma surprise, ma colère et ma déception, de constater que tout avait repoussé en deux mois, que les ronces insolentes, envahissantes, qui m'avaient tant meurtri les bras et les mollets dans notre combat, couraient de nouveau de partout, que mon travail de presque vieillard avait été inutile et dérisoire ! 

"F" cachait mal son amusement :

- faut dire qu'il a beaucoup plu tu sais... 


Contre la vie on ne peut rien.


PS : Le moustique-tigre est bien arrivé. 

Contrairement à ses congénères ancestraux, il sévit de jour comme de nuit. Un peu mollasson, très repérable avec sa couleur noire et ses pattes rayées, il se laisse facilement écraser. 

Mais quand même... 

samedi 27 juillet 2024

Décor




À chaque fois que je vois Paris mis en scène comme hier soir, je ne peux m'empêcher de songer au grand basculement qui s'est opéré en quelques décennies. Qu'on y songe un peu, que voit-on : une multitude de cadres à costume-cravate, tous les matins, sur les quais du métro, du RER ou sur leur trottinette, se rendre à leurs bureaux de la Défense. Pour vivre à Paris ils se sont endettés à vie, afin d'acheter un deux pièces minable, mal éclairé et mal foutu, où vivaient autrefois nos parents, nos grands-parents, artisans, petits commerçants, prolos à bleu de travail...Tout bien pesé, à franc constant non devalué ramené au prix de l'euro actuel, nonobstant le rattrapage inévitable du cours de l'or, de la banane plantain comme celui de l'uranium, et en dépit du choix de la cravate, ils sont comme leurs prédécesseurs les baisés d'un système auquel ils participent en se pensant des "winners". 

Imbéciles, pauvres types... Quelle dégringolade ! 

Mais si la crème du capitalisme, ou supposée telle, vit dans les logements ouvriers d'hier, ne sont-ils pas les prolétaires d'aujourd'hui ? Se posent-ils la question le soir en s'endormant sur leur lit Ikéa ? Et à qui confier les chambres de bonne du sixième étage sans ascenseur avec chiottes sur le palier ?

Mais non, jamais ils ne se poseront la question : ils vivent dans le décor d'Emily, et ça, ça n'a pas de prix. 

vendredi 26 juillet 2024

Privatisation


- toi tu dégages !

- mais comment ça je dégage ? Je vends mon shit ici depuis toujours ! Et un peu de coke aussi de temps en temps... 

- tu dégages on te dit ! Barre-toi ! Va à Clermont-Ferrand ! Paraît qu'ils sont en manque là-bas...

.... 


- monsieur... 

- oui ? 

- vous allez où comme ça ?

- ben chez moi, j'habite à deux pas. Je reviens de mes courses au Prisunic...

- vous avez votre QR code ?

- mon quoi ? 

- un titre de propriété, un justificatif de domicile... 

- mais enfin ! Je suis né dans cette maison, là ! Vous voulez quoi de plus ! 

- désolé on ne passe pas !

... 

- Bernard ? Le Pont des Arts est à vous. Bons jeux ! 

Euphémisation


Je suis frappé des ravages de l'euphémisation.

Ça donne par exemple, sur les plateaux-télé, des commentateurs, des politiques, qui, ayant peur de franchir les bornes au-delà desquelles ils n'y a plus de limites, butent sur les mots, bégaient, ponctuent leurs phrases d'innombrables "heu, heu heu" et de leurs tics de langage, rendant leur argumentation inaudible...

C'est encore plus vrai chez les commentateurs de droite, qui semblent avoir au-dessus d'eux comme une épée de Damoclès, celle du politiquement correct : pour eux, trouver le mot le plus doux, le moins dérangeant, est l'objectif primordial : ils en transpirent tant l'exercice est délicat, qu'ils savent que ce qu'ils sont en train de dire ne correspond pas au fond de leur pensée.

Ainsi aujourd'hui se refusent-ils, en commentant les sabotages des lignes SNCF, à parler de terrorisme. 

Ah bon !? 

Qu'est-ce donc alors ? 

Des incivilités ? 

Au fond oui : "incivilités" est le mot qui leur convient, celui qu'ils ont adopté tant il leur a été suggéré, imposé, qui leur vient spontanément à l'esprit :

Le mot des lâches. 

Interlude




Pepe Romero

Mais ma préférée de l'album c'est celle-ci : Fantasia para un gentilhombre


lundi 22 juillet 2024

Femme, noire




Le parti Démocrate américain se réjouit du départ de Sleepy Joe et de l'arrivée probable de sa remplaçante Kamala Harris. Ils voient dans la désignation de la vice-présidente une double vertu : c'est une femme et elle est noire. Autant dire que pour les dépositaires du magistère moral, c'est bingo.

Alors je ne vais pas mettre en doute sa qualité de femme, on a bien assez de soucis comme ça de ce côté-ci de l'Atlantique. Mais noire ? Puisqu'il nous faut parler de la race, puisque l'on nous y oblige, et sans sortir mon pied à coulisse, quand je pense à une femme noire je l'imagine avec des attributs tout autres que ceux de Kamala Harris. Voyez la photo en illustration de ce billet. Vous y voyez une femme noire ? Pas moi. Tout au plus une métisse, une quarteronne peut-être, mais une africaine non.

Née d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, elle a simplement ce type metissé que l'on rencontre dans les Caraïbes, de Cuba à la Dominique, où chez beaucoup les origines africaines tendent à se dissiper.

Alors pour le coup de la femme noire il faudra repasser... 

dimanche 21 juillet 2024

Terrine forestière


- Tu te rends compte ma Lilye, Biden déclare forfait... Comment ça tu t'en fous !? Non ! Non ! Bas les pattes ! C'est pas pour toi ! Déjà qu'hier soir tu m'as boulotté ma terrine forestière ! Couché ! Couché ! Décidément tu ne comprendras jamais rien à la politique... 


jeudi 18 juillet 2024

La clarification




Tristesse




L'autre jour à "S", je rêvassais dans le silence de la nuit tombante. C'est alors que j'entendis, à intervalles réguliers, des petits cris dont je n'arrivais pas à localiser la provenance. Ça ne venait pas d'en bas, ces pièces que j'occupe quand je suis seul et qu'aucune raison ne m'oblige à monter dans les étages. Je pris l'escalier de pierres et là, sur le rebord d'une fenêtre haut perchée, je vis deux petites masses brunes. C'était deux bébés chouettes. L'une était morte et l'autre bien vivante. Cela arrive fréquemment que l'on retrouve cette espèce d'oiseaux dans notre maison : ils tombent par le conduit de cheminée et, en notre absence, se trouvent piégés dans la maison. Avec une échelle de bois, je réussis à m'approcher d'elles. Je saisis la petite boule de plume encore vivante puis sortis sur la terrasse et la déposais sur le muret. Aussitôt elle s'envola à tire-d'aile. C'était il y a 2 jours.

Ce matin, je paressais au lit, faisant ma revue de presse, parcourant quelques blogs. Puis je me décidais d'aller faire un brin de toilette sur la terrasse. À "S" tout ce qui tourne autour de l'eau, toilette, vaisselle, se joue sur la terrasse (ce qui rend la maison très inconfortable en hiver). Tout de suite je la vis cette petite boule noire qui flottait à la surface de l'eau dans la bassine à vaisselle : ma petite chouette que j'avais sauvée y était revenue pour s'y noyer.

mercredi 17 juillet 2024

L'Abbé Pierre




L'Abbé Pierre, l'homme de l'hiver 54, est mort. 

En 2007.

Figure iconique, vénérée des Français à juste titre, statue indéboulonnable (du moins on le croyait), l'Abbé, faisant fi de ses vœux de chasteté, aurait touché de la fesse.

En 2024, soudainement, des victimes présumées s'en souviennent. Un peu tard pour un test ADN mais quand il faut salir tous les moyens sont bons.

Elles ressemblent à quoi aujourd'hui ces vieux croûtons tout délabrés ? Par qui sont-elles manipulées ? Sont-elles en manque de mains au cul ?

Et le message de l'Abbé Pierre on en fait quoi ? On le jette aux orties ? 

Me Too commence sérieusement à nous faire chier ! 

Sans titre



mardi 16 juillet 2024

Du poing levé



Une certaine presse, des commentateurs très orientés, s'offusquent du poing levé de Donald Trump juste après la tentative d'assassinat dont il a été la victime. Ils y voient le signe d'une agressivité folle, d'un masculinisme exacerbé ; en un mot de la dangerosité de ce candidat. Et n'attendez pas d'eux le minimum syndical de compassion pour un homme qui a frôlé la mort : n'a-t-il pas qu'une très modeste et insignifiante égratignure au lobe ? C'est du chiqué ont-ils envie de dire, tout en se retenant car les conneries ont leurs limites... 

Pardon mais je m'inscris en faux !

Encore heureux que celui qui est peut-être destiné à diriger la première puissance mondiale soit un peu burné ! Son job ne sera pas tout à fait celui d'un bisounours !

Oui mais voilà : là-bas comme ici beaucoup ne rêvent que de dirigeants castrés, impuissants. En France, par exemple, le modèle idéal c'est un Olivier Faure ou une Marine Tondelier. 

Mais un sénile avec un pied dans la tombe comme aux EU ferait parfaitement l'affaire... 

dimanche 7 juillet 2024

La fièvre monte à El Pao...


... mais moins que prévu. 

Bêtise en politique




En ces heures électorales, où Macron licencie la macronie, je savoure la lecture du dernier numéro de la "Revue des deux mondes", juillet-août 2024, "Bêtise en politique".

On y croise les regrettés Desproges, Muray, Daumier et beaucoup d'autres.

Et oui c'est pur bonheur que de retrouver les mots d'esprit de ces écrivains, hommes d'état, humoristes décapant comme on en fait plus... 

Rien que le premier chapitre, qui décrit les ambitions d'un bourgeois de province voulant devenir député pour ne plus s'ennuyer, M. Rousselin (tiré de "Le Candidat" de Flaubert), vaut le détour :

Républicain hier, libéral aujourd'hui, socialiste demain, conservateur après-demain : qu'importe le parti, pourvu qu'il obtienne le titre. Il est prêt à tout : commander aux cordonnier 15 paires de bottes dont il n'a nul besoin ; acquérir chevaux et ânes auprès de paysans sans savoir où les mettre ; acheter par centaines pommes, poires et bergamotes quand sa famille se limite à trois personnes. Monsieur Rousselin va même jusqu'à donner sa fille au plus influent, un pingre freluquet aux allures de séminariste. Le peuple réclame l'impossible, l'homme promet monts et merveilles : l'impôt sur les boissons sera aboli (les citoyens savent toujours cibler leurs priorités) ; l'eau et la lumière seront fournies gratuitement ; les douanes et l'octroi seront supprimés.

Voilà ! 

Bonne soirée électorale ! 

mardi 2 juillet 2024

Le grand roman de l'occupation



Alors, mes p'tits amis, faut que vous sachiez : le 1er juillet n'est pas seulement le jour où vous apprenez que votre facture de gaz va prendre 12 %, que votre découvert autorisé ne l'est plus, que votre tabac vaut le prix d'une belle entrecôte ; c'est aussi le jour où votre serviteur prend un carat de plus.

Je fus gâté en cette soirée mémorable. Entre autres cadeaux tous aussi réjouissants les uns que les autres, ma belle m'a offert un livre : "Le barman du Ritz" de Philippe Collin, sous-titré "Le grand roman de l'occupation". 

Le pedigree de l'auteur vous saurez facilement le trouver, disons pour résumer qu'il a beaucoup œuvré pour le service public. Et, de fait, je me souviens de ses chroniques décalées sur France Inter. Cet état de service pourrait sembler rebutant à d'aucuns, mais je n'ai pour ma part aucun a priori et ne souffre pas de sectarisme. 

Le livre serait, dit-on, richement documenté et commence par une citation d'Ernest Hemingway :

"Lorsque je rêve de l'au-delà, du paradis, je me trouve toujours transplanté au Ritz, à Paris." 

Bon... 

Allons-y voir !