... Candidat aux prochaines municipales à Menton :
Si tu ne sais rien faire de tes dix doigts, entre en politique. Tu t'y feras une place au soleil.
C'est mon papa qui me l'a dit.
Voilà, voilà...
... Candidat aux prochaines municipales à Menton :
Si tu ne sais rien faire de tes dix doigts, entre en politique. Tu t'y feras une place au soleil.
C'est mon papa qui me l'a dit.
Voilà, voilà...
On aura beau dire mais quand même... Quand on vient de passer deux mois au milieu des collines, avec pour seuls voisins les biches et les sangliers, ça fait tout drôle d'être réveillé à 7h00 du matin par des odeurs de poubelles brûlées et des gaz lacrymogènes qui entrent par la fenêtre entrouverte...
Paris sera toujours Paris...
Voilà bientôt deux mois, je quittais Paris pour prendre mes quartiers d'été à "S". À la gare de Lyon, je filmais un homme au piano. Je remets ici cette vidéo, débarrassée de ses fioritures. C'est peu dire que j'avais été séduit par l'élégance, la classe naturelles de cet homme. Et par son talent.
J'avoue aussi être très satisfait par mon "travail" de cameraman, même si certains détails furent saisis un peu malgré moi.
Quoi qu'il en soit, pour mon retour parisien, je trouve plutôt pas mal de reprendre le clavier avec lui (j'en joue moins bien que lui...). Une façon de boucler la boucle, de refermer la parenthèse estivale.
Fredi a le cafard.
Il m'est tombé d'un coup, aujourd'hui, sans crier gare.
Déjà ce matin, en entrant dans cette église du 12e siècle, si belle, si silencieuse, si pudique, cachant ses beautés dans une avarice de lumière, j'ai été saisi d'émotion. Ma bigote de mère se serait signée trois fois, prosternée à se casser les rotules sur les dalles de pierres ; moi je suis resté immobile, comme envahi d'une étrange douceur, d'une familiarité réconfortante et nostalgique.
En sortant, sur le parvis, il y avait un jeune couple. J'ai eu envie de leur conseiller d'aller la visiter cette église, s'ils ne l'avaient déjà fait. Mais à quoi bon. Je n'ai pas l'âme d'un missionnaire.
Cet état semi-dépressif m'a poursuivi toute la journée, jusqu'à cet instant où j'écris ces lignes. Il faut dire aussi qu'ici, à "S", la météo s'est mise en mode "mélancolique", ciel d'automne et vent qui vient de la tombe, températures pré-hivernales (le GIEC si tu me lis...).
Rentre par la porte de ma maison un soleil froid, déficitaire et peu vaillant, abdicataire.
Et je me retrouve à la fin du mois d'août comme un deux novembre, à penser à mes chers disparus.
Boomer je le suis.
En queue de comète pour être exact, étant né au début des années 60.
Mes parents l'étaient, boomers, c'est à dire qu'ils appartenaient à cette génération orpheline, par 14 et 40, qu'ils avaient connu les privations, la malnutrition, les appartements où, quand il faisait - 2 dehors, il faisait 2 à l'intérieur. Malgré tout ils ont cru en l'avenir, ont fait des enfants. On viendrait aujourd'hui leur reprocher ça, les montrer du doigt, eux et leurs descendance ? Quelle honte !
J'invite les générations actuelles à suivre leur exemple, plutôt qu'à leur faire un mauvais procès. Je les invite à regarder ce qu'elles sont pour beaucoup : des petites merdes tatouées, percées, ne sachant plus qui elles sont, d'où elles viennent, où elles habitent.
Chez NICOLAS où la bêtise se porte bien, on glose sur le réchauffement climatique et notre empreinte carbone, nos modes de transport, notre consommation de viande etc... Bref, tous ces sujets bien culpabilisants. Et, sensibles à la propagande en cours comme d'autres à la publicité, on invoque sans aucun discernement la responsabilité de l'homme. L'homme, l'éternel coupable, même quand il n'était pas là ou si peu.
Alors, par ces temps de fortes chaleurs estivales, je veux sur ce blog apporter mon écot, rafraîchir autant que peut se faire LES MÉMOIRES.
C'était le 18 juillet dernier, à la gare de Lyon, je partais pour "S"...
Il y a beaucoup de choses dans cette petite vidéo, si on se donne la peine de la regarder à deux fois.
https://youtube.com/shorts/e3oDFggERoU?si=hLWSMG-QpwigGS5K
mardi 27 février 2018
Cannes
Ils sortaient du Palais. Deux jeunes hommes et deux jeunes femmes, robes de soirée, smoking et nœud-pap de location. Le film qu'ils venaient de visionner s'appelait "Mare Nostrum" ou quelque chose comme ça. Une histoire de migrants rejetés par la mer sur les côtes inhospitalières de la Sicile, aux portes de cette Europe-forteresse dont les dirigeants se livraient à de navrants calculs, à de honteux comptes d’apothicaires sur la répartition du fardeau. Un film bouleversant promis à de nombreuses suites.
- Je suis bouleversée, fit l'une des jeunes femmes en s'asseyant sur une chaise imitation rotin, à la table d'un restaurant qui se trouvait coincé entre un kebab et une crêperie, dont le menu proposait "moules farcies, daube provencale, 17euros ttc.
Un orchestre (ils étaient trois) de roumains nonchalants descendaient la rue jouant, fort bien d'ailleurs, sur leurs violons, leurs accordéons, les notes traînantes, dégoulinantes, sirupeuses du Parrain.
- Nous sommes des salauds !
Elle était au bord des larmes. Son voisin, un rien profiteur, lui caressait son épaule dénudée. Les roumains déjà, sur un signal connu d'eux seuls, repartaient vers d'autres tables, vers le Suquet, sans une pièce, sans un regard.
- Et nous en France ! Avec un gouvernement socialiste en plus ! Que faisons-nous ?
Un africain de 2m60 (il portait sur sa tête une pile de chapeaux de paille, le festival cette année étant bizarrement très ensoleillé) arriva à leur hauteur. Sur son avant-bras en présentoir, il y avait une centaine de lunettes de soleil aux design variés et, surtout, le dernier-né de la technologie chinoise : une perche télescopique permettant de faire des selfies mais "de plus loin". Dans l'indifférence générale, il se livra à une petite démonstration, peu convaincante il est vrai, puis, d'un pas fatigué, repris son chemin en se demandant ce qui pouvait bien clocher dans son offre, quelle était vraiment la demande. Les blancs décidément étaient incroyablement compliqués.
Le serveur vint à eux. Pensant bien faire, elle s'écarta un peu.
- Ah non Madame ! Vous ne pouvez pas faire ça ! Tables et chaises doivent impérativement ne pas dépasser cette limite.
Il désignait le caniveau central de cette rue étroite. À deux mains elle prit sa chaise, revint d'un mouvement brusque qui fit joliment danser ses seins, dans les limites autorisées par la municipalité. Le serveur déposa alors devant eux quatre cartes plastifiées en précisant :
- Nous n'avons plus de daube provençale.
Un roumain débonnaire sorti de nulle part, souriant, ventripotent, portant en bandoulière une sorte de clavecin sur lequel il jouait, fort bien d'ailleurs, les notes traînantes, dégoulinantes, sirupeuses du Parrain, s'approchait d'eux. Elle posa violemment ses coudes sur la table, pris sa tête entre ses mains, éclata en sanglots.
Publié par Fredi M. le février 27, 2018
Tous ces morts qui nous laissent seuls...
Quelle bande d'égoïstes quand même...
C'est ce matin, en parcourant les blogs, que j'ai appris avec tristesse la mort d'un homme que je ne connaissais pas autrement que par son blog : Didier Goux.
Je ne sais plus quand exactement j'ai découvert son blog, au début des années 2000 peut-être mais peu importe. Ce dont je me souviens c'est qu'à l'époque je faisais régulièrement, comme aujourd'hui d'ailleurs, ma revue de presse sur Internet. Parcourant le site de Marianne, j'étais arrivé tout en bas à une rubrique qui s'appelait "Les blogs amis" où figurait monsieur Goux, se signalant comme "habitant ici". J'ai cliqué par curiosité, amusé aussi par l'accroche habile. Puis j'ai lu le dernier billet qu'il venait de publier. J'ai lu le précédent et celui qui précédait le précédent... et je suis tombé sous le charme.
À une époque où je me méfiais comme de la peste d'Internet, je l'ai rentré dans mes favoris et, pire que tout, j'ai commencé à commenter, pour le meilleur et pour le pire, son blog. Je crois qu'au début il m'a pris pour un fou et j'en donnais à vrai dire tous les symptômes. La vérité c'est que rien de ce qui relevait de l'informatique, à cette époque, m'inspirait du respect et relevait plutôt pour moi du dérisoire, du futile, de l'inutile. Mais c'est pourtant grâce à lui et à son blog que j'ai pu découvrir des auteurs qui me seraient restés inconnus, tel que Alejo Carpentier pour ne citer que lui.
Avec sa mort c'est un peu de l'esprit français qui meurt aussi, un esprit caustique, ironique, libre et généreux.
Je ne l'ai pas connu, mais il me manque déjà, comme tant d'autres, que la faucheuse, dans un zèle implacable, se plaît autour de moi, de nous, à envoyer aux ténèbres, se plaît à faire un vide immense.
Mes pensées à Catherine.
N'ayant pas le don d'ubiquité, je fus fort embarrassé en ce dimanche 6 avril 2025. Pas moins de quatre manifestations, d'importance diverses, se tenaient à Paris. Pour ma part deux furent d'office exclues : celle des Insoumis (qui portent si mal leur nom) place de la République, et celle d'un homme de piètre envergure dont l'influence, on le souhaite, restera mineure en notre douce France.
Il en restait donc deux.
Celle organisée en soutien au Rassemblement National, place Vauban, et celle des Gueux, emmenée par Alexandre Jardin, autour de la mairie de Paris. S'il n'y avait pas eu place Vauban, c'est là que je me serais rendu. Car enfin ces ZFE sont un pur scandale. On nous assène que la pollution automobile serait responsable de 40000 morts par an. Quelle savante méthode permet d'obtenir un tel chiffre ? On ne le sait pas. Moi qui ai connu Paris dans les années 70-80, j'affirme que la pollution y est désormais résiduelle. Plutôt que d'interdire le centre-ville aux vieilles charrettes, n'aurait-il pas été plus raisonnable de patienter un peu ? Le parc automobile étant ce qu'il est, les vieilles caisses qui fument un peu trop sont destinées à disparaître dans un proche avenir. Il se dit qu'E. M. voudrait que cette mesure ne soit appliquée qu'à Lyon et Paris. Qu'importe. L'idée même d'une telle mesure, même à la portée limitée, est révoltante.
Mais, comme un quarteron de juges félons a cru bon devoir décider pour qui je devais voter, je ne pouvais dire "merde à Vauban !".
De tout cœur avec les Gueux, c'est donc vers les Invalides que j'ai marché d'un bon pas.
Pour un électorat peu enclin à battre le pavé, la place était plutôt bien remplie de mon point de vue, mais certainement pas de 10000 personnes, comme a cru bon d'annoncer crânement JB. En revanche, pas un seul drapeau palestinien. Quant à d'éventuelles embrouilles, ça ne risquait pas d'arriver, tant le filtrage était serré, minutieux : un vrai tamis. On m'a même fait ouvrir ma blague à tabac. Je ne vois pas ce que j'aurais pu y cacher...
Je suis parti après le discours de JB, non sans avoir salué Y. Rioufol et l'avoir assuré de ma fidélité à son blog.
Un beau dimanche.
Le vainqueur des prochaines élections présidentielles de 2027 le sera à la déloyale et n'aura aucune légitimité.
Fredi M.
Hidalgo a tué Paris.
C'est la réflexion que je me faisais hier soir, alors que ma belle et moi nous nous promenions à Montparnasse, quartier qu'aimait tant Hemingway, et qu'il ne reconnaîtrait pas.
Les néons du boulevard brillent dans le vide.
Les passants pressés semblent vouloir respecter une autorisation "covid".
Ils sont vieux.
La jeunesse, chassée par la cherté de la ville, l'a fuie.
En un peu moins de douze ans, Hidalgo aura réussi à transformer une ville festive, joyeuse, en un Ehpad pour retraités fortunés, un musée pour touristes friqués.
Dans un rayon de cinq cents mètres autour de chez moi, je pourrais compter pas moins d'une cinquantaine de commerces qui ont baissé définitivement le rideau : plus de places de stationnement, mais des pistes cyclables où s'engouffrent des zombies, esclaves livreurs de pizzas, bobos au job mal défini. Les brasseries, naguère ouvertes jusqu'à point d'heure, servent leurs derniers clients un peu avant minuit. Puis c'est un silence mortuaire qui prend possession des quartiers.
Hidalgo a tué Paris, et le mal est si profond, si certain, que l'on ne voit pas comment le prochain édile pourrait réparer les fautes. Sauf à replonger les Parisiens dans une décennie de travaux.
Hidalgo a tué Paris, l'a triturée comme un enfant sadique l'aurait fait d'un insecte. De quel droit ?
Paris n'est plus une fête.
C'est un mot qui revient à la mode : la patrie. Comme une braise mourante, après lui avoir copieusement pissé dessus, que l'on essayerait de ranimer.
Mais de l'amour de la patrie, il en va comme de l'amour : quand c'est fini, c'est fini.
Bon courage à celui qui se lancerait dans un tel projet...
Et ce n'est pas la peine de développer davantage...
En ces temps troublés, on entend de nombreuses voix réclamer le retour du service militaire. Pour ma part j'ai déjà donné, à Fort Desaix, Martinique, et je me souviens d'avoir tiré un bon nombre de cartouches au stand de tir de Colson. Sans me vanter j'étais plutôt bon à ce petit jeu...
Mais, pour la prise de contact avec les armes, il y a une autre activité que j'ai pratiquée dans ma jeunesse : le ball-trap, loisir qui nous est arrivé d'Amérique après la guerre. D'ailleurs pour dire aux lanceurs des pigeons (petites assiettes d'argile), cachés et protégés des plombs derrière des ballots de paille, on crie "pull !". L'enfant ignorant que j'étais entendait "poule !".
Le ball-trap, dans notre coin du Gâtinais, se pratiquait à la fin de l'été, après les moissons, quand les chaumes n'avaient pas été encore retournés. J'y allais avec mon père. Il y avait une buvette où la bière coulait à flots. On y retrouvait les gens du village (des paysans-chasseurs qui venaient là se dégourdir les doigts avant "l'ouverture"), mais beaucoup d'autres aussi qui venaient de plus loin. C'était joyeux et bruyant ("convivial" on dirait aujourd'hui), exclusivement masculin.
Un jour, alors que mon père se roulait une cigarette et discutait au comptoir, il fut appelé : « c'est votre tour!». « Je laisse la place à mon fils !»
Je n'en menais pas large... J'ai pris le fusil, calibre 12, qui m'a semblé peser une tonne, j'ai épaulé et crié "poule !". Mais rien n'est parti devant moi. «Tu n'as pas crié assez fort !». De nouveau j'ai crié "poule !", et le pigeon de terre cuite s'est envolé à la verticale, à une cinquantaine de mètres de moi. J'ai appuyé sur la détente, mais le pigeon a poursuivi sa course sans une égratignure. En revanche j'ai eu la sensation très nette que le recul de l'arme m'avait arraché l'épaule. J'ai ressenti une douleur vive. Quinze jours après je traînais encore un très laid hématome violet.
J'ai l'impression que la pratique du ball-trap tend à disparaître. Et c'est bien regrettable. Car si l'on doit aller faire la guerre à Poutine, ce n'est pas avec des lance-boulettes de papier mâché et des lance-pierres que nous arriverons à grand-chose... Appréhender une arme dès sa plus tendre enfance, peut s'avérer plus tard d'une grande utilité.
Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes,
De monter dans l’espace en poussant de grands cris,
De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.
D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés.
Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle :
Je voudrais être beau comme les anciens dieux,
Et qu’il restât aux coeurs une flamme éternelle
Au lointain souvenir de mon corps radieux.
Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,
Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ;
Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage,
Comme on cueille des fruits en étendant la main.
Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;
Ces arômes divers nous les rendent plus doux.
J’aimerais promener mes caresses errantes
Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.
J’adorerais surtout les rencontres des rues,
Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,
Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues,
Les baisers échangés au seul gré du hasard.
Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune
Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ;
Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas
La blonde dont le front s’argente au clair de lune.
Puis, sans un trouble au coeur, sans un regret mordant,
Partir d’un pied léger vers une autre chimère.
– Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :
On trouverait au fond une saveur amère.
Guy de Maupassant
À noter qu'en ce qui me concerne ce poème relève du fantasme : toute ma vie je suis resté fidèle. Un vrai toutou !
https://x.com/NathalieLoiseau/status/1896495698708967722?t=B6t5swnIic74hsvtbvoxlg&s=19
Un rappel: au rythme actuel, il faudrait plus de 80 ans à la
Russie pour conquérir l’Ukraine.
Nathalie Loiseau
Ah bon ? Vraiment ? Nous voilà rassurés alors !
Quand les chars russes arriveront Porte d'Orléans j'aurai plus mal aux dents depuis longtemps...
Fermer une chaîne de télévision dans un pays prétendument démocratique, quoi de plus détestable.
Fermer la gueule à Hanouna, quoi de plus délectable.
Il nous aurait fallu vivre plus longtemps, pour combattre plus longtemps, aimer plus longtemps, souffrir plus longtemps ; apprendre davantage.
Mais la vie est radine, nous offre qu'un échantillon, un aperçu.
Comme je ne suis pas loin de penser, comme certains, qu'il s'agit là en effet d'un discours historique, une bouffée d'air frais envoyée aux Européens avachis, je l'archive ici. Ainsi, les derniers visiteurs de "Demain à l'Aurore" auront-ils le privilège de le parcourir dans son intégralité et, peut-être, le méditer.
Le vice-président américain a livré vendredi un plaidoyer pour «la liberté d’expression» et mis en garde contre «les migrations de masse».
Le vice-président américain s’est exprimé vendredi au premier jour de la Conférence de la sécurité de Munich . Son discours, durant lequel il a appelé les Européens à «changer de cap» face aux «migrations de masse», a suscité de nombreuses réactions politiques. «Personne n’est obligé d’adopter notre modèle, mais personne ne peut nous imposer le sien», a réagi le chef de la diplomatie française , Jean-Noël Barrot. Voici l’intervention de JD Vance en intégralité.
L’une des choses dont je souhaitais vous parler aujourd’hui concerne bien sûr nos valeurs communes. Vous savez, c’est un plaisir d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu tout à l’heure, je suis venu ici l’année dernière comme sénateur des États-Unis. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères David Lammy et j’ai plaisanté sur le fait que nous occupions tous deux, l’an dernier, des postes différents de ceux que nous avons aujourd’hui. Il est temps pour chacun de nos pays, pour tous ceux d’entre nous qui ont eu la chance de recevoir le pouvoir politique de nos peuples, de l’utiliser avec sagesse afin d’améliorer leurs vies.
Je tiens à dire que j’ai eu la chance, durant mon séjour ici, de passer un peu de temps en dehors de cette conférence au cours des dernières 24 heures, et j’ai été très impressionné par l’hospitalité des habitants, même si, bien sûr, ils sont sous le choc de l’horrible attaque d’hier (le 13 février 2025, un demandeur d’asile afghan de 24 ans a perpétré un attentat à la voiture-bélier lors d’une manifestation à Munich, blessant 36 personnes, dont plusieurs grièvement, ndlr). La première fois que je suis venu à Munich, c’était avec mon épouse – qui m’accompagne aujourd’hui – lors d’un voyage personnel. J’ai toujours aimé la ville de Munich et j’ai toujours apprécié ses habitants. Je veux simplement dire que nous sommes très touchés, et que nos pensées et nos prières accompagnent Munich et toutes les personnes affectées par le mal qui a frappé cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et nous serons certainement à vos côtés dans les jours et les semaines à venir.
Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur. C’est le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu’elle partage avec les États-Unis d’Amérique
JD Vance
Nous nous réunissons à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité. En général, nous entendons par là tout ce qui a trait aux menaces extérieures à notre sécurité. Je vois que de nombreux grands chefs militaires sont réunis ici aujourd’hui. Mais tandis que l’administration Trump se préoccupe beaucoup de la sécurité européenne et pense que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine – tout en considérant qu’il est important, dans les années à venir, que l’Europe prenne de façon significative en main sa propre défense – la menace qui m’inquiète le plus en Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni celle d’aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur. C’est le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu’elle partage avec les États-Unis d’Amérique.
J’ai été frappé de voir qu’un ancien commissaire européen a semblé se réjouir récemment à la télévision du fait que le gouvernement roumain venait tout juste d’annuler une élection entière. Il a averti que si les choses ne se passaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne. Ces déclarations cavalières choquent nos oreilles américaines.
Depuis des années, on a répété que tout ce que nous financions et soutenions venait de valeurs démocratiques communes. Tout, de notre politique vis-à-vis de l’Ukraine à la censure numérique, est justifié au nom de la défense de la démocratie. Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et des hauts responsables menacer d’en annuler d’autres, nous devons nous demander si nous nous conformons à des normes suffisamment élevées. Et je dis «nous», parce que je suis profondément convaincu que nous sommes dans le même camp.
Quand je regarde l’Europe d’aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce qu’il est advenu de certains vainqueurs de la guerre froide
JD Vance
Nous devons faire davantage que simplement parler de valeurs démocratiques. Nous devons les incarner. Dans la mémoire encore vive de beaucoup d’entre vous ici, la guerre froide opposait les défenseurs de la démocratie à des forces bien plus tyranniques sur ce continent. Et si l’on se remémore ceux qui, dans ce combat, censuraient les dissidents, fermaient les églises, annulaient les élections… Étaient-ils du bon côté ? Certainement pas. Et Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’ont pas accordé de valeur et n’ont pas respecté les bienfaits extraordinaires de la liberté, que sont la possibilité de surprendre, de se tromper, d’inventer et de construire. En fin de compte, on ne peut pas imposer l’innovation ou la créativité, pas plus qu’on ne peut obliger les gens à penser, ressentir ou croire quelque chose en particulier. Nous considérons que ces dimensions sont liées. Et hélas, quand je regarde l’Europe d’aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce qu’il est advenu de certains vainqueurs de la guerre froide.
Je regarde Bruxelles, où les commissaires ont mis en garde les citoyens qu’ils avaient l’intention de couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles civils, dès lors qu’ils détecteraient ce qu’ils jugeraient être des «discours de haine». Je pense aussi à ce pays-ci, où la police a procédé à des descentes chez des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne, dans le cadre de la «lutte contre la misogynie» sur internet.
Je pense à la Suède, où, il y a deux semaines, le gouvernement a condamné un militant chrétien pour avoir participé à des autodafés du Coran qui ont conduit au meurtre de son ami. Comme l’a noté de manière glaçante le juge en charge de l’affaire, les lois suédoises supposées protéger la liberté d’expression ne garantissent pas, et je cite, un «laisser-passer» pour faire ou dire n’importe quoi sans risquer d’offenser le groupe qui adhère à cette croyance.
Peut-être encore plus préoccupant, je pense à nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales, en particulier des croyants britanniques. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement a inculpé Adam Smith Conner, un kinésithérapeute de 51 ans et vétéran militaire, pour le crime odieux de s’être tenu à 50 mètres d’une clinique d’avortement et d’avoir prié en silence pendant trois minutes, sans gêner qui que ce soit ni interagir avec quiconque, mais simplement pour avoir prié en silence. Après que la police britannique l’a repéré et lui a demandé la raison de sa prière, Adam a simplement répondu qu’il priait pour le fils qu’il aurait pu avoir avec son ex-petite amie, qui avait avorté des années plus tôt. Les officiers n’ont pas été émus. Adam a été jugé coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi gouvernementale sur les «zones tampons» (“Buffer Zones Law”), qui fait de la prière silencieuse un crime, comme d’autres actes susceptibles d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’un établissement pratiquant l’avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres de frais de justice.
J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un cas exceptionnel, d’un exemple isolé d’une loi mal rédigée appliquée à une seule personne. Mais non. En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à envoyer des lettres à des citoyens dont les habitations se trouvaient dans ces soi-disant «zones d’accès sécurisé», les avertissant que même la prière dans la sphère privée de leurs propres domiciles pourrait constituer une infraction à la loi. Évidemment, le gouvernement a encouragé les destinataires à dénoncer tout concitoyen soupçonné de crime de la pensée en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.
La liberté d’expression, j’en ai peur, est en retrait.
JD Vance
La liberté d’expression, j’en ai peur, est en retrait. Pour la comédie, mes amis, mais aussi par souci de vérité, je reconnais que parfois, les voix les plus promptes à réclamer la censure ne sont pas venues d’Europe mais de mon propre pays, où la précédente administration a menacé et fait pression sur les entreprises de réseaux sociaux pour qu’elles censurent ce qu’elle qualifiait de «désinformation». La désinformation, c’était par exemple l’idée selon laquelle le coronavirus provenait probablement d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé des entreprises privées à faire taire des gens qui osaient énoncer ce qui s’est révélé être une vérité évidente.
Je me présente donc devant vous aujourd’hui, en livrant non seulement un constat, mais aussi une proposition. De la même manière que l’administration Biden a semblé prête à tout pour faire taire ceux qui exprimaient librement leurs opinions, l’administration Trump va faire précisément l’inverse, et j’espère que nous pourrons travailler en ce sens.
Il y a un nouveau shérif à Washington. Et sous la direction de Donald Trump, même si nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. À ce stade, bien sûr, la situation s’est tellement détériorée qu’en décembre, la Roumanie a tout simplement annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base de simples soupçons d’une agence de renseignement et sous l’énorme pression de ses pays voisins. D’après ce que je comprends, l’argument était que la désinformation russe avait contaminé les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul. Vous pouvez penser que la Russie ne devrait pas acheter de publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons aussi. Vous pouvez même le condamner sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très forte. Je pense pour ma part, et c’est une bonne nouvelle, que vos démocraties sont nettement moins fragiles que ce que certains semblent craindre.
Je crois franchement qu’autoriser nos citoyens à s’exprimer librement les rendra plus fortes encore. Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux parlementaires représentant des partis populistes, aussi bien de gauche que de droite, de participer à ces discussions. Là encore, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ou partie de ce qu’ils disent. Mais lorsque des responsables politiques représentent une part importante de la population, il nous incombe au moins de dialoguer avec eux.
Pour beaucoup d’entre nous qui sommes de l’autre côté de l’Atlantique, tout cela ressemble de plus en plus à d’anciens intérêts établis, qui se cachent derrière des mots hideux hérités de l’ère soviétique, tels que «désinformation» ou «mésinformation», parce qu’ils n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un avec un autre point de vue puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment ou pire encore, remporter une élection.
Je suis sûr que vous êtes tous venus dans cette conférence sur la sécurité pour parler des moyens d’accroître vos dépenses de défense dans les années à venir pour atteindre un nouvel objectif. Et c’est une bonne chose, car comme le président Trump l’a clairement indiqué, il pense que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent. Vous n’avez sans doute pas entendu parler de cette expression, le «partage du fardeau», mais nous pensons que ce qu’il y a d’important dans une alliance, c’est ce que les Européens prennent leurs responsabilités tandis que l’Amérique se concentre sur les régions du monde en grand danger.
Je crois profondément qu’il ne saurait y avoir de sécurité si l’on craint les voix, les opinions et la conscience de son propre peuple.
JD Vance
Permettez-moi aussi de vous poser la question : comment allez-vous pouvoir réfléchir à ces questions budgétaires si nous ne savons même pas ce que nous défendons en premier lieu ? J’ai beaucoup entendu parler, dans mes nombreuses et excellentes discussions avec les personnes réunies dans cette salle, de ce contre quoi vous devez vous défendre, et c’est évidemment important. Mais ce qui me paraît moins clair, et je pense que c’est aussi l’avis de nombreux citoyens en Europe, c’est la nature exacte de ce que vous défendez. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité, auquel nous accordons tous une si grande importance ?
Je crois profondément qu’il ne saurait y avoir de sécurité si l’on craint les voix, les opinions et la conscience de son propre peuple. L’Europe fait face à de nombreux défis. Mais la crise à laquelle ce continent est aujourd’hui confronté, la crise que nous affrontons tous ensemble je le crois, est née de nos propres choix. Si vous fuyez devant vos électeurs, l’Amérique ne pourra rien faire pour vous. Pas plus que vous ne pourrez aider le peuple américain qui m’a élu, moi, et a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quelque chose de valeur dans les années à venir.
N’avons-nous pas appris que des mandats faibles produisent des résultats instables ? Pourtant, tellement de choses de valeur peuvent être accomplies grâce aux mandats démocratiques que l’on obtient lorsqu’on est davantage à l’écoute de la population. Si vous voulez maintenir des économies compétitives, bénéficier d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sécurisées, vous avez besoin de mandats solides pour gouverner, car il faut faire des choix difficiles pour obtenir tout cela.
Parmi tous les défis urgents auxquels les nations ici représentées font face, je ne crois pas qu’il y en ait de plus pressant que les migrations de masse
JD Vance
Bien sûr, nous savons bien tout cela. En Amérique, on ne peut pas gagner un mandat démocratique en censurant ou en emprisonnant ses opposants. Qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’un modeste chrétien priant chez lui ou d’un journaliste tentant de faire son travail. On ne peut pas non plus remporter un mandat en ignorant sa population sur des questions fondamentales, comme de savoir qui a le droit de faire partie de notre société.
Et, parmi tous les défis urgents auxquels les nations ici représentées font face, je ne crois pas qu’il y en ait de plus pressant que les migrations de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est née à l’étranger. C’est bien sûr un record historique. D’ailleurs, le chiffre est le même aux États-Unis, où c’est également un record historique. Le nombre d’immigrés entrés dans l’UE, en provenance de pays qui n’en sont pas membres, a doublé rien qu’entre 2021 et 2022. Et, bien sûr, il a continué d’augmenter depuis.
Nous connaissons la situation. Elle ne vient pas de nulle part. C’est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des responsables politiques à travers le continent et le monde, durant toute une décennie. Nous avons vu les horreurs engendrées par ces décisions hier même dans cette ville. Et évidemment, je ne peux en parler sans penser aux victimes de ce drame terrible, qui passaient alors une belle journée d’hiver à Munich. Nos pensées et nos prières les accompagnent et les accompagneront toujours. Mais pourquoi cela est-il arrivé ?
C’est une histoire terrible, une histoire que l’on a trop entendue en Europe et hélas trop aux États-Unis aussi. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme dans sa vingtaine, connu de la police, qui fonce dans une foule avec une voiture et fait voler en éclats une communauté unie. Combien de fois devons-nous subir ces revers épouvantables avant de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ? Aucun électeur sur ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés sans contrôle. Car vous savez pour quoi ils ont voté ? Au Royaume-Uni, ils ont voté pour le Brexit. Que l’on soit d’accord ou pas, ils ont voté pour cela. Et un peu partout en Europe, de plus en plus, les électeurs votent pour des responsables politiques qui promettent de mettre fin à l’immigration incontrôlée. Il s’avère que je partage beaucoup de ces inquiétudes, mais vous n’êtes pas obligés d’être d’accord avec moi.
Je suis convaincu qu’ignorer les gens, mépriser leurs préoccupations ou, pire, fermer les médias, annuler les élections ou les tenir à l’écart du processus politique ne protège en rien
JD Vance
Je pense simplement que ces gens tiennent à leur foyer, à leurs rêves. Ils se soucient de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Et ils sont intelligents. Je crois que c’est l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises depuis que je suis entré, il y a peu de temps, en politique. Contrairement à ce que vous pouvez entendre dans les montagnes non loin Davos, les citoyens de toutes nos nations ne pensent pas être des animaux instruits ou des rouages interchangeables d’une économie mondiale. Il n’est donc guère surprenant qu’ils ne souhaitent pas être déplacés à leur guise, ni systématiquement ignorés par leurs dirigeants. Et c’est précisément la fonction de la démocratie d’arbitrer ces grandes questions dans les urnes.
Je suis convaincu qu’ignorer les gens, mépriser leurs préoccupations ou, pire, fermer les médias, annuler les élections ou les tenir à l’écart du processus politique ne protège en rien. C’est au contraire le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et donner son avis, ce n’est pas interférer dans une élection. Même quand il s’agit de personnes influentes de l’extérieur de votre pays. Croyez-moi, je dis cela avec humour, si la démocratie américaine a survécu à dix années de remontrances de Greta Thunberg, vous pouvez sans doute survivre à quelques mois d’Elon Musk. Mais aucune démocratie, ni américaine, ni allemande, ni européenne, ne survivra au fait de dire à des millions d’électeurs que leurs réflexions et leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs appels à l’aide ne sont pas valables ou n’ont même pas à entrer en considération.
La démocratie repose sur le principe sacré selon lequel la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour des «pare-feu». Soit on respecte ce principe, soit on ne le respecte pas. Le peuple européen a une voix. Les dirigeants européens ont le choix. Et je suis résolument convaincu que nous n’avons aucune raison d’avoir peur de l’avenir.
Écoutez ce que votre peuple vous dit, même si cela vous surprend, même si vous n’êtes pas d’accord. Ainsi, vous pourrez affronter l’avenir avec certitude et confiance, en sachant que la nation vous soutient. Et c’est là d’où la démocratie tire pour moi sa magie. Pas dans ces édifices de pierre ou dans ces magnifiques hôtels. Pas même dans les grandes institutions que nous avons bâties ensemble en tant que société.
Croire en la démocratie, c’est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et une voix. Et si nous refusons d’entendre cette voix, même nos combats les plus fructueux n’aboutiront pas à grand-chose. Comme l’a dit le pape Jean-Paul II, à mes yeux l’un des défenseurs les plus extraordinaires de la démocratie en Europe ou ailleurs, «n’ayez pas peur». Nous ne devrions pas craindre notre peuple, même quand il exprime des opinions différentes de celles de ses dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous. Que Dieu vous bénisse.
Je viens de refermer le livre d'Olivier Weber, "Ma vie avec Gérard de Nerval".
Puis, pris de curiosité, dans Google Maps j'ai tapé "Le Château des brouillards". Lors de mes innombrables promenades à Montmartre, j'ai dû passer cent fois à côté, sans en connaître l'histoire. Toujours dans le même esprit, j'ai tapé ensuite "Mortefontaine", et me suis retrouvé non loin d'Ermenonville et de sa grande forêt domaniale. J'étais bien avancé...
Toujours est-il que demain, tout à l'heure, j'irai acheter "Les Filles du feu", dans ma librairie habituelle.
vendredi 22 mars 2024
No future
À Caroline.
C'est un article de Marianne intitulé " Et si les punks avaient gagné ?" qui m'a fait repenser à eux. Eux, c'étaient Caroline et François, que j'ai côtoyés vers la fin de mes années lycéennes, du côté de Pithiviers. Nous nous étions connus au bahut, j'avais 16 ans et eux la vingtaine ; j'étais le petit, ils étaient les grands. Ils m'aimaient bien, me toléraient dans leur cercle. Ils étaient toxicos.
Parfois j'enfourchais ma bleue pour leur rendre visite.
Chez eux, qui n'était probablement pas chez eux, c'était une petite maison à l'abandon, dans un hameau paumé entre Beauce et Gâtinais. On y entrait par une porte de fer forgé qui ne fermait plus. Là, un chemin étroit, envahi de ronces, de matériel agricole rouillé, sinuait jusqu'à la demeure. Je me souviens d'un tricycle rouge, incongru, dans un bosquet d'orties. En franchissant la porte on tombait sur le salon. Au fond il y avait une grande fenêtre par où entrait la lumière du sud. Elle donnait sur un jardin tout aussi délaissé où n'en finissaient pas de mourir des fruitiers méconnaissables. Dans ce salon régnaient le désordre et la crasse, cendriers débordants, vaisselle jamais faite, vêtements éparpillés un peu partout. J'étais à la fois fasciné et écœuré par cet environnement. Ainsi des gens pouvaient vivre de cette façon ? C'était donc ça la liberté ?
- Tu veux un café ? C'est du Nes, ça te va ? François fait la sieste.
"La sieste à heure fix", pensais-je...
Elle lavait sommairement une tasse et moi je m'asseyais sur un tabouret graisseux. Avant de m'enfuir, ma tasse à peine finie. Mais je savais que je reviendrai, attiré par le sordide, conscient d'avoir sous les yeux un exemple de mode de vie exceptionnel, dans l'air du temps de cette fin de seventies. Jamais pour autant ils n'en ont profité pour me proposer de partager leurs expériences, et de cela je leur suis infiniment reconnaissant. J'étais le petit...
Un jour j'ai une nouvelle fois franchi leur porte. Il y avait de la musique en cet après-midi. Mais quelque chose n'allait pas. "Tubular Bells" semblait rayé, revenait sans arrêt à la même plage sans que personne ne s'en soucie. Dans le salon les volets étaient clos. A gauche, sur une paillasse à même le sol, ils dormaient profondément. De nouveau je me suis enfui, me promettant de ne plus jamais revenir.
J'ai revu Caroline quelques semaines plus tard. Elle n'allait pas bien.
- ça va ?
- François est mort.
Un soir elle s'était couchée à ses côtés, et au matin il était froid, ne bougeait plus. Son futur s'était arrêté là.
Ça l'a réveillée Caroline. Plus jamais elle n'a touché à "ça", est devenue "clean". Elle a laissé tomber la maison, s'est trouvé des petits boulots sur les marchés. S'est même offert le luxe, quelques années plus tard, d'ouvrir une boutique de fringues en franchise. Mais de vie de "couple" elle n'en a plus jamais eu, d'enfants encore moins ;
son "no future à elle".
Le vendredi, mars 22, 2024
La une de Valeurs Actuelles est un clin d'œil.
Qui se souvient ?
2017, quelques jours ou semaines avant le premier tour des élections présidentielles, je suis à la terrasse d'un café, avec mon ami de toujours, sirotant un blanc-sec. Devant nous un kiosque à journaux affiche les unes des magazines. Était-ce le Point, Marianne ou le Figaro magazine ce jour-là ? S'affichait sous nos yeux, en format XXL, le visage souriant d'un parfait inconnu : Emmanuel Macron. Avec ce sous-titre: "Et si c'était lui".
- "P.", tu lis le Point ?
Il manque de s'étrangler avec ses cacahuètes.
- Challenges ? Marianne ?
- Mais arrête de déconner !
- Je suis comme toi. Et pourtant regarde -je lui montre le kiosque à journaux : nous vivons la plus grande campagne publicitaire de tous les temps, orchestrée par notre presse subventionnée que personne ne lit. Il ne s'agit pas de nous vendre un yaourt (quoique...) cette fois-ci, mais carrément notre futur président. Les Français s'apprêtent à élire le premier président "marketing" de l'histoire de France, choisi et élu bien avant eux par notre presse "démocratique et impartiale". Et du Macron ils vont en bouffer encore et encore, à tous les coins de rues, dans les couloirs du Métro, sur les flancs des bus, et bien sûr sur toutes les ondes.
Valeurs Actuelles se souvient de ce moment de propagande intensif, de ce bombardement ininterrompu de papiers, de reportages, ayant pour unique objet EM.
Valeurs Actuelles aura-t-il le même effet d'entraînement que la presse unanime de 2017 ? Le chrétien-vendéen bénéficiera-t-il de l'imprimatur du "cercle de la raison" ?
Ne ressemble-t-il pas un peu trop à un certain François Fillon ?
La campagne 2027 a commencé...
Pauvre Bayrou...
Déjà qu'il n'était pas aidé, avec son élocution hésitante, voilà qu'il trébuche dans le choix des mots, en prononce un rigoureusement interdit : submersion. Pourtant, en fin lettré, il avait pris soin de le faire précéder d'un autre, autorisé celui-ci, et même largement répandu : sentiment. Précaution insuffisante. À gauche ça hurle dans le micro, ça braille et tape du poing sur le pupitre, menace de ne pas voter le budget, de déposer une motion de censure. Un tabou doit rester un tabou, et malheur à celui qui prend quelques libertés pour dire le réel, s'affranchit de la chape de plomb.
J'en connais un qui, dans sa demeure gersoise, doit bien s'amuser...
L'autre jour ma belle et moi étions au musée de Cluny, appelé aussi "musée du Moyen Âge".
En contemplant les tapisseries de la dame à la Licorne, les vitraux finement ouvragés, les pièces d'orfèvrerie, les abondantes sculptures, les restes du JUBÉ (détruit en 1792, à cette époque déjà*, on aimait bien déconstruire...), je ne pouvais m'empêcher de penser à cette expression : "ce serait un retour au Moyen Âge".
Eh bien vous savez quoi ? En ce siècle barbare qui débute, je me demande si nous n'aurions pas tout intérêt à y retourner, au Moyen Âge...
*Ou surtout.