vendredi 7 mars 2025

Formation militaire




En ces temps troublés, on entend de nombreuses voix réclamer le retour du service militaire. Pour ma part j'ai déjà donné, à Fort Desaix, Martinique, et je me souviens d'avoir tiré un bon nombre de cartouches au stand de tir de Colson. Sans me vanter j'étais plutôt bon à ce petit jeu...

Mais, pour la prise de contact avec les armes, il y a une autre activité que j'ai pratiquée dans ma jeunesse : le ball-trap, loisir qui nous est arrivé d'Amérique après la guerre. D'ailleurs pour dire aux lanceurs des pigeons (petites assiettes d'argile), cachés et protégés des plombs derrière des ballots de paille, on crie "pull !". L'enfant ignorant que j'étais entendait "poule !".

Le ball-trap, dans notre coin du Gâtinais, se pratiquait à la fin de l'été, après les moissons, quand les chaumes n'avaient pas été encore retournés. J'y allais avec mon père. Il y avait une buvette où la bière coulait à flots. On y retrouvait les gens du village (des paysans-chasseurs qui venaient là se dégourdir les doigts avant "l'ouverture"), mais beaucoup d'autres aussi qui venaient de plus loin. C'était joyeux et bruyant ("convivial" on dirait aujourd'hui), exclusivement masculin.

Un jour, alors que mon père se roulait une cigarette et discutait au comptoir, il fut appelé : « c'est votre tour!». « Je laisse la place à mon fils !»

Je n'en menais pas large... J'ai pris le fusil, calibre 12, qui m'a semblé peser une tonne, j'ai épaulé et crié "poule !". Mais rien n'est parti devant moi. «Tu n'as pas crié assez fort !». De nouveau j'ai crié "poule !", et le pigeon de terre cuite s'est envolé à la verticale, à une cinquantaine de mètres de moi. J'ai appuyé sur la détente, mais le pigeon a poursuivi sa course sans une égratignure. En revanche j'ai eu la sensation très nette que le recul de l'arme m'avait arraché l'épaule. J'ai ressenti une douleur vive. Quinze jours après je traînais encore un très laid hématome violet.

J'ai l'impression que la pratique du ball-trap tend à disparaître. Et c'est bien regrettable. Car si l'on doit aller faire la guerre à Poutine, ce n'est pas avec des lance-boulettes de papier mâché et des lance-pierres que nous arriverons à grand-chose... Appréhender une arme dès sa plus tendre enfance, peut s'avérer plus tard d'une grande utilité.

12 commentaires:

  1. Avant la guerre de 1914, il y avait une initiation au tir dans les écoles. Pour ne pas trop démolir d'épaules, les instituteurs utilisaient de jolies carabines "scolaires" Flobert ou Gras en 6 mm.
    Aujourd'hui, les budgets alloués aux écoles étant en diminution, les élèves n'ont que des couteaux pour s'entrainer à s'occire mutuellement.

    La Dive

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    1. Avant 1914 je ne sais pas.
      Ce que je sais c'est que très jeune on m'a offert une carabine 9mm dont je n'étais pas peu fier. Ça devait avoir une portée de 30 mètres à tout casser... 😄

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  2. Ha!
    J'ai moi aussi donné mais était fortement récalcitrant, un total de 2 mois de taule, au point que j'avais une cellule réservée avec 7 couvertures (cellules à l'air libre) et une combine avec les gars du mess pour avoir double ration de nourriture.
    Ma meilleure astuce de tire-au-flan, me planquer sur le toit du pas de tir qui, évidemment n'était visible que depuis les cibles elles mêmes, il n'ont jamais compris comment je "disparaissait". :-D

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    1. Ah oui je vois... Un drôle de spécimen en somme 😄
      18 mois en ce qui me concerne, engagé volontaire pour servir outre-mer, marsouin.

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  3. Parmi les disciplines de tir sportif donnant lieu à des compétitions, il y a le TAR, c'est à dire le Tir aux Armes Réglementaires soit des armes étant ou ayant été en dotation dans les armées ou les polices de tous les pays. Armes n'ayant pas été crées ou transformées pour la compétition. Bon entraînement.
    Il n'en reste pas moins que, face aux Russes, il faut apprendre le geste qui sauve: les mains en l'air accompagné du mot "Tovaritch".
    Pangloss

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    1. La fin de votre commentaire m'a fait beaucoup rire !

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  4. Pris dans un mauvais rêve fin 1968, je me suis retrouvé en janvier 69 dans un régiment d'Infanterie en Forêt Noire avec de la neige jusqu'au cou.
    Ayant cassé mes lunettes au cours d'une marche de nuit, je me suis retrouvé "IST", caporal instructeur de tir a près deux mois de classes
    Les Russes n'ont qu'à bien se tenir.

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    1. Oui m'enfin vous me semblez bien âgé pour faire peur à Poutine.
      En 68 j'avais 7 ans, ce qui ne me rajeunit pas non plus...

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  5. Bonjour cher Fredi, je viens de découvrir votre résurrection et de constater qu'lle ne datait pas d'hier ! C'est en me rendant chez M. Goux que, dans sa blogroll, j'aperçus qu'un nouvel article venait de paraître dans "Demain à l'aurore". Agréable surprise ! Je cliquai sur le lien et, surprise encore, découvris que vous aviez renoué depuis bien des mois avec le blogage. Comment expliquer que cela m'ait si longtemps échappé ? Je ne pensais pas avoir détruit votre stèle dans ce cimetière qu'est devenue ma liste de blogs. Vérification faite, il n'en était rien. Seulement, l'infâme M. Blogspot n'avait pas jugé utile de me signaler votre retour via "Chez Fredi M." ! Je vais donc pallier son absence totale de courtoisie en inscrivant votre adresse dans ladite liste. Il m'arrive encore de temps en temps de passer consulter cette dernière et de lire ce qui y apparaît même si je ne commente pratiquement plus. Avec mes tardives félicitations pour votre regain d'activité,
    J.E.

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    1. Ravi de vous revoir JE !
      Et puisqu'il en est ainsi, et bien que vous soyez devenu trop silencieux, je m'en vais faire de même (à savoir vous rétablir dans ma blogroll).

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    2. Voilà, c'est fait.
      Nous n'attendons plus de vous qu'un petit billet pour saluer votre retour. 😉😉😉

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    3. Et il vous faudra changer L'URL de ce blog dans votre liste bien sûr, l'ancienne étant devenue caduque...

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Lâchez-vous !
Mais en gens bien élevés tout de même...