L'endroit renferme un trésor de bistouris, de scies à amputer, de sondes à fonction farfelue (je pense par exemple à celle que l'on envoyait dans l'urètre des messieurs de plus de 50 ans qui avaient des problèmes de débit à une époque où l'on ne savait pas encore que le problème se situait plus en amont. Une horreur...).
Tous ces objets sont de vraies œuvres d'art, et pour beaucoup en argent. Mais quand on songe à nos scanners d'aujourd'hui, qui vous donnent en quelques minutes de belles photos de votre palpitant et de son degré d'encrassement, bien que forts jolis on ne regrette pas l'époque où l'on utilisait ces petits bijoux. Sans compter que la stérilisation de ces instruments devait être très aléatoire, et que si l'on ne succombait pas à l'intervention, on s'en allait par la grâce d'un staphylocoque doré (quel jolie nom pour une vraie saloperie...).
En sortant ma belle m'a proposé de prendre un verre au Procope. Mais le Procope n'avait pas sorti sa terrasse, condition sine qua non pour le fumeur que je m'obstine à rester. Et ce n'était pas plus mal au fond. Si la rue de l'Ancienne Comédie est un havre de fraîcheur en été, en cette saison il y fait encore bien sombre et bien frais. Nous avons poussé jusqu'à la rue Jacob, vers un troquet bien parigot qui est aussi l'un de nos repères parisien, avec une carte des vins très aguichante. Ma belle a commandé un Bordeaux et moi un Côtes du Rhône (Pure Garrigue, un pur bonheur).
Nous sirotions nos verres quand ma belle me dit :
- tu sais qu'il y a une exposition qui démarre à Montparnasse sur les serial-killers ? Avec reconstitution, frigo que tu ouvres pour y découvrir une tête ensanglantée, etc...? Ça te dirait d'y aller faire un tour ?
Ma belle a de drôles d'idées parfois...
- heu non merci. Cette fois je passe mon tour.
- t'as raison. En plus elle est interdite aux moins de quinze ans...
Je n'ai pas beaucoup d'idées sur vos jolis instruments de chirurgie et pourtant j'aime beaucoup vos billets parisiens. Je n'ai pas foulé vos pavés depuis plus de 30 ans et pourtant je fais avec vous toutes vos pérégrinations. Aujourd'hui vous m'avez emmené au Procope, dans les bistros autour du marché de la rue de Buci, j'ai revu l'abbaye de St Germain et la place Furstemberg, et j'ai rêvé devant la boutique des tissus Pierre Frey. Je n'ai pas trouvé votre bistro rue Jacob, mais j'ai croisé M. Goux rue Bonaparte qui rendait visite à Mme de Guermantes qui reçoit l'après midi dans son hôtel Quai Malaquais. J'ai ensuite poussé jusqu'au "Pied de fouet" rue Saint Benoit et je suis maintenant dans la boite de jazz juste à coté où un jeune saxo reprend des airs de Sonny Rollins. Tout cela mentalement, et donc sans croiser d'importun en trotinette ou de jeanfoutre en vélib et sans que personne ne s'offusque des volutes du cigare qui accompagne mon armagnac.
RépondreSupprimerNom de Dieu, qu'elle est belle cette ville et je ne vous parle pas des filles de ce quartier qui n'ont pris aucune ride dans mes souvenirs !
La Dive
☺️Ah oui ! Dans les rêves elle est encore plus belle ! Je vais essayer de retrouver le nom du troquet de la rue Jacob....
Supprimer"Le Pré aux Clercs", domicilié rue Bonaparte mais avec terrasse sur la rue Jacob.
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