Ce qui se passe actuellement à Los Angeles n'est pas seulement un incendie. Ces bâtiments à terre, ces maisons où seules les cheminées en brique tiennent encore debout, ces pillages, ces routes effondrées, c'est le paysage de Métropolia. Demain, les habitants qui diront adieu à leur maison, à leur quartier emprunteront la même route que les centaines de milliers de citadins qui ont déjà quitté les grandes villes californiennes ces dernières années. Pas à cause d'un incendie, mais parce que les services publics y sont exsangues depuis des décennies, parce que l'insécurité y atteint des sommets, parce que les prix de l'immobilier ruinent les classes moyennes et populaires et enfin parce que les tensions sociales et culturelles ils sont devenues insupportables. Ces gens ont fait un constat implacable : la métropolisation qui est l'émanation du néolibéralisme globalisé, ne peut faire société. À Los Angeles - comme à Paris d'ailleurs-, les autorités politiques métropolitaines ont longtemps dissimulé la chute de ce modèle - et accessoirement leur incompétence- derrière une en face progressiste.
La ruée vers l'or métropolitain est terminée. Troublant de constater que les citoyens qui quittent la Californie font le chemin inverse de celui de Tom Joad pendant la grande crise de 1929 (le héros des Raisins de la colère, de John Steinbeck), la working classe repart vers l'intérieur. Depuis 2020, les départs affectent toutes les métropoles californiennes. Les jeunes actifs, les télétravailleurs, les entrepreneurs et même les retraités vont maintenant chercher l'Eldorado ailleurs : à Périphéria. Tous se dirigent vers des étapes périphériques - L'Idaho, le Montana ou le Wyoming -, d'autres mettent le cap au sud. Porté par une forte croissance économique, le Texas attire ainsi une population toujours importante mais aussi des entrepreneurs qui ont compris qu'un redéploiement économique était à l'œuvre - c'est le cas d'un certain Elon Musk, qui vient d'y installer le siège de Space X.
Partout aux États-Unis, mais aussi en France, les citoyens ordinaires se passent le même message : la terre promise n'est plus Métropolia ! Cette baisse d'attractivité a longtemps été invisibilisée par l'importance du solde naturel et l'arrivée de migrants, mais aujourd'hui ces dynamiques ne compensent plus l'importance des départs. Désormais, toutes les grandes villes de Métropolia ont entamé un processus de stagnation ou de baisse de leur population.
Ce retournement démographique et économique annonce la fin du monde néolibéral, de son progressisme dévoyé et un grand basculement culturel. En France, la majorité ordinaire qui s'exprime depuis Périphéria et en train de renverser l'ordre politique du 20e siècle. Cette France périphérique que les imbéciles confondent avec la "France du vide" et qui est au contraire, le "plein", la sève de nos sociétés, est justement en train de combler le "vide", le vide existentiel, le "no society" des métropoles. Et, comme aux États-Unis, c'est cette majorité ordinaire qui, en France, va se charger d'éteindre le grand incendie néolibéral que les élites avaient allumé dans les années 1980 en créant cette fausse société qu'on appelait Métropolia.
Christophe Guilluy, Marianne du 23 au 29 janvier 2025.
... Et je pense à fiston qui a quitté Paris, s'est envolé avec femme et enfants vers des cieux plus cléments et plus sûrs, où l'on fait encore "société".
On y fait encore société Plus pour longtemps: parmi les nombreux nouveaux arrivants, beaucoup ont gardé leur mentalité de citadins continentaux. Heureusement certains cherchent à s'intégrer et même à s'assimiler.
RépondreSupprimerC'est le cas de fiston (pour l'assimilation). Il y est grandement aidé par sa femme...
SupprimerEt puis dites, fallait pas partir !
SupprimerLa diaspora corse compte selon les estimations entre 1 000 000 et 2 000 000 de personnes issues de l'émigration des Corses dans le monde, dont environ 1 000 000 en France continentale, 300 000 en Sardaigne[citation nécessaire], avec environ 200 000 corsophones en Gallura. Le reste de la diaspora corse en Italie se regroupe en Toscane et dans le Mezzogiorno. Il existe aussi une population corse de quelques centaines de milliers de personnes en Amérique latine, notamment à Porto Rico et au Venezuela.
Mais nos Saigneurs et Maîtres avaient envisagé une parade "la ville du quart d'heure" : tout pour notre bien-être ou supposé tel et tout pour exercer une surveillance de chaque instant
Supprimerhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_du_quart_d'heure
Y'en a là d'dans...
La ville du quart d'heure c'est celle où tu risques de te prendre un coup de couteau en allant t'entraîner au stade...
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